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Pleins feux sur la lumière avec le chef électricien Andy Cole

Le chef électricien Andy Cole nous parle de son expérience sur le tournage du film nommé aux Oscars, La Favorite, et de son travail avec Panalux.

Avec une longue liste de films célèbres et de productions indépendantes à son actif - parmi lesquels Gladiator et Fish Tank - le projet le plus récent d'Andy Cole est aujourd'hui un poids lourd des Oscars, avec pas moins de 10 nominations, dont celle de la meilleure cinématographie. Nous voulions savoir comment s'était déroulé le tournage de La Favorite, si son avis sur le film avait évolué depuis qu'il était encensé aussi bien par le public que par la critique, et comment sa façon de travailler a évolué au fil de sa carrière.

La favorite (aux Oscars)

Après un agréable échange de civilités et des félicitations bien méritées sur les nombreuses nominations aux Oscars, Cole nous explique que même s'il ne s'y attendait pas durant le tournage, obtenir une telle reconnaissance est une belle surprise :

C'est franchement incroyable, non ? Nous ne nous attendions vraiment pas à ça, et c'est très, très agréable. Des gens sont venus me voir pour me dire à quel point ils avaient aimé le film, et pour me poser des questions sur la façon dont nous l'avions tourné, et c'est vraiment sympa. Le film fascine les gens, et pas seulement ici, mais à travers le monde. J'ai des amis d'autres pays qui me demandent comment le film a été tourné, alors, oui, c'est une expérience assez incroyable. C'est fabuleux, et assez étonnant.

Le côté esthétique de La Favorite se caractérise par de grands angles et une ambiance naturelle, deux choses assez complexes à créer avec des méthodes classiques :

Ce film est assez unique en son genre, et dès le départ, le but était de le rendre aussi réaliste que possible.

Pour une [grande] partie, nous avons utilisé beaucoup de bougies. J'ai conçu des chandeliers qui réfléchissent par l'arrière, ce qui pousse la lumière naturelle des bougies vers les artistes, c'est ça qui apporte le côté très naturel. Nous avons utilisé d'autres types d'éclairage, mais pas pour les scènes en intérieur jour, uniquement la nuit, juste pour être surs qu'on puisse voir quelque chose.

Les grandes pièces [sur l'emplacement principal du tournage en intérieur jour] avaient d'immenses fenêtres. Au tout début, avec l'objectif grand angle, nous avons essayé d'ajouter de la lumière en fin de journée, mais le rendu n'était pas assez naturel. Nous ne parvenions pas à le rendre naturel, et bien sûr, on pouvait voir les lumières. Alors, on a décidé d'arrêter. En fin de journée, si la lumière était trop basse, nous cessions simplement de tourner. Problème résolu.

Cole partage un moment mémorable du tournage :

Courir de long en large à travers Hatfield House avec des bougies, en essayant de suivre avec la caméra sur un Dolly, ce fut une expérience mémorable.

Collaborer avec Robbie Ryan, BSC, ISC

Cole et le chef opérateur Robbie Ryan, BSC, ISC collaborent ensemble depuis une dizaine d'années, et peuvent se targuer d'un remarquable portfolio de films, tels que Philomena, Slow West, et Fish Tank - un partenariat fructueux qui a évolué au fil du temps.

Notre relation professionnelle a tout simplement évolué à merveille. Nous passions pas mal de temps ensemble, puis Robbie s'absentait, ce qui était très bien, car ainsi nous pouvions faire une petite pause. Comme dans toute relation, en fait.

Nous nous connaissons vraiment très bien, et il sait que j'aurai tout ce dont il a besoin à disposition, sans surplus, c'est ce genre d'entente que nous avons. Nous pouvons échanger librement, et ça se passe très bien ainsi.

Je pense qu'à l'heure actuelle, nous avons dû travailler ensemble sur plus de dix films ; nous avons tissé des liens, indéniablement.

Ces films en commun témoignent de leur partenariat fructueux qui permet une étroite collaboration dès le départ.

Nous commençons tous les deux par la lecture du script, puis nous en discutons. Je fais des suggestions, et on teste [différentes options]. C'est ainsi que nous avons procédé sur La Favorite. Il fallait un éclairage bien particulier, et nous avons dû réfléchir ensemble pour trouver la bonne solution.


Travailler avec Panalux et les avantages des nouvelles technologies

Une autre relation de travail qui a évolué au fil du temps est celle entre Cole et Panalux :

Ma relation avec Panalux est formidable. Chez eux, je connais Sinead quasiment depuis mes premiers pas dans le métier, c'est-à-dire très longtemps, et je leur suis fidèle. Panalux ferait n'importe quoi pour moi, dès qu'ils le peuvent. Je les appelle, il se passe quelque chose, et ils arrivent avec ce qu'ils peuvent. Nous avons un excellent rapport de confiance ; ils peuvent m'appeler et me dire, 'Nous n'avons pas ça. Et si on essayait autre chose ?' et vous répondez 'Oui, bien sûr. Allons-y.' J'avais des installations conséquentes, et ils m'ont donné tout ce dont j'avais besoin, et tout a parfaitement fonctionné.

Aujourd’hui, il y a l'embarras du choix avec autant de produits de lumière.

Le monde dans lequel nous vivons tourne autour de la vitesse à laquelle les choses peuvent se faire. Pour une lumière LED qui change de couleur, vous pouvez contrôler sa température de couleur et sa puissance d'une simple pression sur un bouton, et ça fait gagner un temps précieux. Auparavant, vous aviez peut-être une demi-heure sur un plateau pour mettre en place votre lumière, mais c'est du passé, du moins sur les projets de petite taille, tout doit être prêt très vite. Avec l'univers des LED actuelles, je trouve ça fabuleux. Nous pouvons vraiment avancer au rythme qu'il faut.

Les innovations de ces dernières années sont tout bonnement incroyables. Vous avez des panneaux Litemats que vous pouvez coller au plafond avec du ruban adhésif gaffer, ils sont solidement accrochés et ça vous fait économiser un temps fou et beaucoup d'énergie. Et ça donne davantage de temps pour filmer, davantage de temps au réalisateur et au chef opérateur d'obtenir le résultat dont ils ont besoin.

Avant, dans un cas pareil, il aurait fallu installer un rail, monter des lumières tungstène et les adoucir, des opérations qui prenaient beaucoup de temps. Et en plus, il y avait toujours une crainte qu'elles se détachent. Imaginez qu'elles tombent sur un acteur, ou qui que ce soit d'autre !

Les choses ont vraiment beaucoup changé. Je suis fan des lumières LED, car on peut très rapidement les utiliser sur un plateau, l'installation se fait simplement, et on peut les ajuster depuis le sol. Cela nous donne énormément de contrôle.

L'effet de la technologie sur le style et l'approche de tournage :

Je pense que chaque film est différent si vous travaillez avec différents chefs opérateurs. Certains chefs opérateurs coréens sont très stylistiques et travaillent énormément leur lumière. Et parfois, on travaille sur un film très minimaliste ; Robbie et moi pouvons être très minimalistes. Cela dépend vraiment de l'ambiance que le film doit créer.

Je pense que la texture y est pour beaucoup. Si vous voulez un rendu réaliste, vous essayez de recréer une texture naturelle, c'est-à-dire une lumière très douce qui ne semble pas provenir d'un éclairage électrique, c'est assez difficile à obtenir.


Rétrospective d'une carrière : comment tout a commencé, la sélection des films, et des moments inoubliables.

Cole attribue son succès à un mélange d'apprentissage « sur le tas », des personnes avec lesquelles il a collaboré, et d'opportunités, mais indéniablement, son talent y est pour beaucoup.

J'ai commencé à travailler sur un chantier, en chargeant des camions, et les choses se sont enchaînées à partir de là. Ensuite, vers la moitié des années 80, tout le monde s'est mis à travailler pour son compte. J'étais dans cette jungle [du freelancing] à la recherche de travail, comme tout le monde. Je devais donner le maximum. C'était très calme par moments, et votre valeur valait celle de votre dernier contrat. Je suis travailleur indépendant depuis cette époque.

J'ai eu énormément de chance de travailler sur des films intéressants, sur de bons films, et de travailler avec Robbie à de nombreuses occasions. Une fois que vous commencez à faire des films, vous vous dites, « Eh, j'aime ça », plutôt que de travailler sur des superproductions classiques, vous collaborez à des projets plus confidentiels, plus artistiques, et c'est vraiment une excellente base.

Avec une filmographie très variée comprenant des superproductions telles que Mission: Impossible et Gladiator ainsi que des films indépendants comme 28 jours plus tard et Catch Me Daddy, avez-vous une méthode spécifique pour choisir un projet ?

Les choses se mettent en place un peu d'elles-mêmes, je ne choisis pas vraiment les projets. Par exemple, pour Gladiator, c'est arrivé grâce au chef opérateur avec lequel nous étions en train de travailler. Ridley Scott s'est pris d'un intérêt soudain pour lui, et c'est comme ça que nous sommes tous arrivés sur le tournage de ce film. Pour Mission: Impossible, j'étais juste au bon endroit au bon moment. Mais oui, c'est vrai que j'ai beaucoup de chance d'avoir travaillé sur de nombreux genres de films, de ne pas être cantonné à un style spécifique.

Lorsqu'on lui demande de partager un moment mémorable d'une carrière déjà longue de 34 années, Cole répond :

C'est assez étrange, je suppose, mais je n'y ai jamais vraiment réfléchi. Certaines des scènes en extérieur nuit sur Gladiator étaient assez exceptionnelles. Nous étions dans les rues de Rome et les installations étaient pharaoniques. Je ne sais pas si c'est mon moment favori, mais c'est celui dont je me souviens. Avoir des rues et des rues entières à votre disposition, c'est assez impressionnant. Voir des centurions aller et venir dans Rome... C'était un magnifique tournage.

Il y a certainement eu une multitude d'autres petits moments magiques tout au long de ma carrière, je vais devoir commencer à y réfléchir.

Les projets qui se profilent à l'horizon

Actuellement aux dernières étapes du tournage de Molly, un autre film soutenu par Panalux, Cole explique :

Il s'agit de mon troisième film avec Sally Potter, son mari Christopher, et Robbie, et nous sommes donc très à l'aise ensemble. Nous avons tourné à Almeria au mois de décembre, puis à New York en janvier, et nous avons terminé le tout à Londres. C'est un film fascinant, avec une distribution remarquable, alors espérons que ça marche !

Et pour la suite, après Molly, Cole révèle :

J'ai toujours été très occupé, et c'est une bonne chose. Une semaine après la fin de ce tournage, je commence un nouveau projet appelé Ammonite. C'est une histoire sur une fossiliste, Mary Anning, et le tournage aura lieu dans le Dorset. Nous tournerons beaucoup sur la plage, et j'ai vraiment hâte. C'est un film très doux, assez différent de ce que je fais en ce moment. Le script est magnifique, tendre ; c'est une belle histoire d'amour. J'ai hâte de commencer le tournage.

Comment gère-t-on les pauses avec un planning aussi chargé :

C'est assez étrange. J'ai cinq jours de repos entre la fin de ce tournage et le début du suivant, mais c'est assez chargé, c'est vrai. Mais bon, j'ai pris des vacances à Noël, et c'était sympa !

Le travail ne semble jamais s'arrêter en ce moment. En règle générale, j'ai une semaine entre la fin d'un tournage et le début du suivant.