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Authenticité et optimisme

Katie Jordan, coloriste chez Light Iron, parle de la collaboration ayant permis de créer une nouvelle esthétique pour la cinquième saison de The Chi.

Après une quatrième saison sombre et brute de décoffrage, la série The Chi, diffusée sur Showtime, renoue avec ses racines plus optimistes dans la saison 5. En effet, en plus du ton de ses histoires, la série opère un changement sur sa palette visuelle. Pour arriver à cette esthétique, Nathan Ray Salter, chef opérateur sur la saison 5, a collaboré avec Katie Jordan, coloriste chez Light Iron, ayant notamment travaillé sur des drames primés comme Promising Young Woman ou sur la série fantastique Dark Crystal : Le temps de la résistance.

Jordan had also graded Season 4 of The Chi, picking up the baton from Light Iron supervising colorist Ian Vertovec, who had served as final colorist on Season 3. She reflects, “Last season, we went very dark and desaturated, but this season we scaled that back a little bit. Nous avons réussi à trouver l'équilibre parfait entre le sombre, le frais et le naturel. »

Son travail sur la saison 5 a commencé pendant la phase de préproduction, quand elle a rencontré Nathan Ray Salter et Nancy C. Mejía (productrice exécutive) via Zoom pour discuter de leur vision créative. En accord avec les scripts déjà écrits, Ray Salter et Nancy C. Mejía souhaitaient tous les deux redonner à la série son caractère optimiste. « Ils avaient tous les deux aimé la dernière saison, mais la saison 3 et les antérieures étaient plus pêchues, et ils voulaient redonner à la série un peu de chaleur et de luminosité, » indique Katie Jordan. « L'esthétique de la saison 5 se situe entre celle des saisons 3 et 4. »

Suite à ces premières discussions, Katie Jordan a créé pour les réalisateurs une LUT à utiliser pendant la production, leur offrant une passe de couleur préliminaire à voir durant le tournage et sur leurs rushes. « Il est utile d'avoir cette prise de contact avec le coloriste final avant le début du tournage et de définir une LUT avant les rushes », explique Katie Jordan. « Une fois sur le plateau, ceux-ci peuvent prendre des décisions en sachant à quoi ressemblera le point de départ lorsque nous procéderons à la mise en couleur finale. »

Pour la création de son ensemble de caméras, Nathan Ray Salter a travaillé avec Panavision Chicago et opté pour des corps de caméras Panavised Arri Alexa Mini LF couplés avec des optiques Panaspeed. En tenant compte du capteur de l’Alexa , Katie Jordan a conçu une LUT qui « conserve un look plus cinématographique, comme pour la saison 4, avec de jolis tons de peau, ajoute un peu de désaturation et réduit la distorsion verte à laquelle l'Alexa est sujette », explique-t-elle. « Nous nous sommes gardés d'être trop stricts avec la LUT afin qu'ils aient une certaine liberté de créer des scènes plus claires et plus gaies. »

Les réalisateurs se sont servis de la LUT sur les principales prises de vues de la saison et cela a constitué pour Nathan Ray Salter le projet le plus important de sa carrière en tant que chef opérateur. « Nathan a filmé l'intégralité des 10 épisodes de cette saison, et il a vraiment fait du beau boulot, » indique Katie Jordan. « Son travail s'est fait facilement. D'une scène à l'autre et d'un plan à l'autre, tout était très cohérent, avant même que je n'intervienne. »

Katie Jordan a commencé son travail initial sur l'étalonnage final quand le tournage principal était toujours en cours, avant de rencontrer Nathan Ray Salter et Nancy C. Mejía. Une fois la production terminée, les réalisateurs se sont déplacés dans les locaux de Light Iron à Los Angeles pour superviser la finalisation de l'étalonnage et collaborer à distance avec Katie Jordan, qui travaille dans les locaux de Light Iron à New York. « Après le COVID, c'est la nouvelle norme, » indique la coloriste. « Un signal partait de mon écran ici à New-York et était reçu simultanément à Los Angeles sur un écran identique. Au lieu d'être dans la même pièce et de regarder le même écran, nous regardions des écrans identiques depuis différentes pièces, dans des villes différentes. »

« Nous étions dès le début tous sur la même longueur d'onde, » se rappelle Katie Jordan. Quant à l'étalonnage final, « il consistait plus à passer d'un plan à l'autre et de procéder à quelques petits ajustements, par exemple en équilibrant la fumée, mais nous n'avons rien fait de trop agressif. On devient juste plus spécifique avec les variables. »

The Chi nécessitait des livrables en HDR et SDR, Katie Jordan les a donc masterisés avec un flux de travail Dolby Vision en utilisant le système d'étalonnage de la couleur Baselight de FilmLight. « Surtout pour le HDR, je me suis assurée que les hautes lumières restent toujours très douces pour qu'il n'y ait rien de trop vif » indique-t-elle. « Le HDR permet notamment de voir en cas de lumière haute, mais n'ajoute pas toujours quelque chose à l'esthétique. Il est par exemple possible d'apercevoir un arbre dans le coin supérieur droit de l'écran. Celui-ci n'a rien à voir avec la scène et personne n'y a pensé en la filmant » Par choix créatif, nous avons donc souvent procédé à un lissage des lumières hautes pour nous débarrasser des détails. Ils peuvent par exemple être chauds et fleuris, mais vous ne vous laissez pas distraire par ce qui se passe à l'extérieur d'une fenêtre

L'un des ajustements mineurs spécifiques à la saison 5 a consisté pour Katie Jordan à assombrir la partie supérieure des plans, puis à diminuer l'étalonnage afin que le changement passe inaperçu. « Si nous avions une grande pièce ouverte et lumineuse, nous commencions à appliquer ces dégradés descendants pour offrir à la séquence une touche plus intime, » indique-t-elle. « C'est devenu l'un de nos ajustements préférés, et j'ai commencé à anticiper le moment où les réalisateurs voudraient l'utiliser. Cela permettait de concentrer l'œil sur le point principal de la prise de vue afin de ne pas se laisser distraire par n'importe quoi se trouvant en haut du cadre. »

La subtilité de cette technique est révélatrice de l'approche globale de Katie Jordan sur la série. « Bien que mon travail consiste à conférer une esthétique, je veux que le public n'ait jamais conscience de mon intervention, » indique-t-elle.

Si elle repense aux 10 épisodes de la saison 5, Katie Jordan est fière de son travail et de celui de ses collaborateurs. « L'esthétique est vraiment belle, et assurer la cohérence de celle-ci sur 10 heures est toujours une réussite, » dit-elle. « Il y a aussi dans la série un certain niveau d'authenticité qui souligne des intrigues que l'on ne voit pas habituellement à la télévision. Il y a des intrigues LGBT et la plupart des acteurs sont noirs. C'est une série importante, je suis fière d'y avoir participé et d'avoir aidé à sa réalisation. »