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Focus sur un cinéaste : Todd Banhazl

Le chef opérateur se confie à Panavision sur son parcours professionnel derrière la caméra.

Le chef opérateur Todd Banhazl a tourné Hustlers, actuellement à l'affiche, ainsi que la prochaine série de HBO, Showtime. Son travail sur le film noir, Blow the Man Down, a récemment remporté le prix de la Mention spéciale du jury pour la cinématographie à l'occasion du Festival du film de Tribeca 2019. Todd a également ajouté son nom au générique de clips musicaux et de vidéos de mode, y compris pour des artistes tels que Janelle Monae, Muse, Lorde, Imagine Dragons, John Legend, A$AP Rocky, The Smashing Pumpkins, et Death Cab for Cutie. Il habite à Los Angeles en compagnie de sa femme aux cheveux bouclés et de son chien à poils ras.

 
Pourquoi avoir choisi le monde de la cinématographie ?
Le premier Blade Runner fut une véritable révélation pour l'enfant que j'étais, lorsque j'ai réalisé qu'il était possible de photographier une « humeur ». J'allais dans ma chambre, j'écoutais la piste sonore de Blade Runner, et je buvais du jus de pomme en imaginant que c'était du whiskey et que j'étais Deckard. J'imaginais des « plans » dans lesquels je buvais du whiskey en réfléchissant aux pressions subies par les réplicants ! Mes premiers « coups de foudre » en tant que chef opérateur furent pour Jordan Cronenweth, ASC, Lance Accord, ASC et Harris Savides, ASC. Lost in Translation fut très important pour moi. Il y avait cette exposition si délicate qui s'accordait aux émotions à fleur de peau des personnages. Je ne l'ai jamais oubliée.
 
Pouvez-vous nous parler de vos premiers projets ?
Je me souviens que je débutais en tant que DP à Los Angeles en tournant des clips musicaux, du contenu de marque, etc. Je voulais me familiariser avec les superbes verres Panavision dont j'avais tant entendu parler. J'ai contacté Mike Carter qui m'a très aimablement invité à déjeuner pour apprendre à me connaître. Je crois que nous avons pris des cheeseburgers. Au fil des ans, Mike Carter, Marni Zimmerman, et tant d'autres membres de la fabuleuse équipe de Panavision de Los Angeles, New York, et des quatre coins du monde ont été d'un incroyable soutien pour mes projets, que les budgets soient petits ou grands. Ils ont personnalisé des objectifs pour moi, trouvé des solutions, et m'ont toujours traité comme si j'étais l'un des grands noms que j'admirais. Travailler avec Panavision, c'est travailler en famille, et ils m'ont toujours soutenu et encouragé. Nous avons utilisé des Standard Speeds personnalisés pour capturer l'éclat d'une relation amoureuse dans Between Us ; transporté un zoom SLZ11 sur les falaises de Baja pour une publicité de H&M ; tourné avec une fabuleuse série B à Cape Town pour une publicité ; utilisé mon zoom préféré de la série C pour créer une angoisse existentielle sur The Strange Ones ; et des objectifs grand format personnalisés ont été ajouté à notre DXL2 pour le film Hustlers.

Illustration de film © 2019 STX Financing, LLC. Tous droits réservés.

À votre avis, quelle a été votre « vraie » première grand succès ?
J'ai eu tellement de petites percées tout au long de ma carrière grâce à la générosité d'une multitude de collaborateurs exceptionnels. Je leur en suis vraiment reconnaissant. Celle qui me vient à l'esprit en premier est (la scénariste-réalisatrice) Lorene Scafaria qui m'a demandé de tourner son film Hustlers. Elle a cru en moi sur la base d'une seule conversation, de mes premières idées visuelles pour le film, et de mes précédents projets. Hustlers fut un grand bond en avant pour moi en matière de budget. Elle a remué ciel et terre pour que je fasse partie de ce film. Je lui suis à jamais redevable.
 
Quel est le projet dont vous êtes le plus fier à ce jour et pourquoi ?
Il m'est impossible de choisir parmi mes enfants. Pour le moment, je suis particulièrement fier de deux films qui ont participé au TIFF : Blow the Man Down et Hustlers. À mes yeux, ils sont très proches en ce sens qu'ils cherchent à photographier les femmes de façons qui me tiennent vraiment à cœur, de façons qui ne sont pas habituellement utilisées pour filmer les femmes sur grand écran.

Votre film le plus récent, Hustlers, a reçu un excellent accueil. Pouvez-vous nous décrire l'esthétique de ce film et nous en dire plus sur sa mise en place ?
Lorene (Scafaria) et moi avons surnommé ce style le « glamour abrasif ». C'est un mélange de pop des années 2007 avec une lumière granuleuse de gangster. Nous avons visionné Goodfellas, Boogie Nights, The Wolf of Wall Street, Heat, et, bien évidemment, Flashdance, qui est l'un des premiers exemples d'un point de vue féminin sur le dénudement et la danse. Nous avons également regardé énormément de films sur le sport pour voir comment filmer des strip-teaseuses comme des athlètes.
 
Nous avons choisi la DXL2 avec des Panaspeeds personnalisés et diverses combinaisons de filtres pour dégrader l'image encore davantage. Nous avons alterné entre la 8K, la 7K, la 6K, la 5K et un peu de 4K pour illustrer les différents niveaux de contrôle ou de pression exercés ou subis par les personnages. Lorsque les filles se donnent à fond dans le club, nous avons beaucoup filmé en 8K à angle bas avec des objectifs larges. Quand leur monde s'écroule autour d'elles, nous avons utilisé des zooms plus longs en 4K ou 5K, y compris mon zoom Primo préféré, le SLZ11. Lorene tenait à ce que la scène finale avec Usher ressemble à un véritable clip musical du milieu des années 2000 afin d'illustrer ce moment de joie intense. Nous avons donc filmé cette scène avec des anamorphiques de la série E, et réfracté l'objectif avec des rehauts verts autant que possible. C'est le summum du glamour avant l'effondrement financier.
 
Avez-vous des conseils à donner aux chefs opérateurs en devenir pour les aider à réussir ?
N'acceptez jamais un « non » comme une réponse définitive la première fois, particulièrement si cela porte sur l'emplacement de la caméra ou de la lumière. Il existe toujours une solution. Les gens ont envie de choses innovantes et stimulantes, ils ont envie de remettre en question leurs habitudes... vous devez juste leur montrer que vous travaillez tous ensemble pour atteindre le même objectif.