Fred Murphy, ASC, trouve la bonne couleur et le bon contraste pour le film Evil de CBS
La série Evil, des créateurs Robert et Michelle King, a déjà été choisie pour une deuxième saison. La série met en vedette Katja Herbers dans le rôle de Kristen Bouchard, une psychologue judiciaire qui se joint à un prêtre en formation (joué par Mike Colter) pour enquêter sur les mystères inexpliqués de l'Église. Au fil des épisodes, les deux protagonistes doivent trouver une explication logique ou surnaturelle aux prétendus miracles, possessions démoniques, et autres lieux hantés ayant été signalés.
Les Kings ont fait appel au chef opérateur Fred Murphy, ASC, avec qui ils avaient déjà collaboré sur The Good Wife, Braindead et The Good Fight, pour les aider à porter à l'écran la série Evil. Les épisodes de Evil sont tournés en alternance entre Fred Murphy et Tim Guinness. L'équipe a choisi Panavision pour les assister de la préproduction jusqu'à la postproduction.
« Nous avons décidé de filmer avec la caméra DXL2, car sa portée de l'ombre à la lumière est tout simplement fabuleuse, » déclare Murphy, quintuple nominé aux Emmy®. « Avec elle, l'obscurité n'est plus une barrière, et la palette de couleurs est immense. Les autres caméras que j'ai testées affichaient un contraste bien plus marqué et nécessitaient davantage de lumière pour obtenir le même résultat. La DXL2 réagit plus comme une pellicule ; vous n'êtes pas obligé de mettre de la lumière partout, et tout semble se mettre en place lentement et progressivement. »
Sur le tournage, Murphy associe la DXL2 configurée sur une résolution de 5K à des objectifs Leica Summicron T2. La taille du capteur est Super 35, et le rapport d'aspect de 16:9. Parmi les spécifications de la caméra, on peut citer une couleur Light Iron de 16 bits et l'un des rapports signal-bruit les plus bas du marché.
Murphy explique que la principale inspiration visuelle est tirée de La nuit du chasseur, le grand classique de 1955 réalisé par Charles Laughton et filmé par Stanley Cortez, ASC, dans un style expressionniste et un sublime noir et blanc épuré.
« Il y a une scène dans La nuit du chasseur où Robert Mitchum s'apprête à poignarder Shelley Winters, » précise Murphy. « C'est un plan large très étrange dans lequel la lumière et le décor s'unissent pour créer ce qui pourrait ressembler à une église, quelque chose de très abstrait. Le toit forme une pointe, et un rayon de lumière joue sur le visage de l'acteur. Mais tout autour, c'est l'obscurité. Dans un certain sens, notre approche visuelle trouve sa source dans cette scène.
« Bien sûr, ce film est en noir et blanc, mais pour Evil, nous essayons par moment d'utiliser des couleurs vraiment intenses, » souligne Murphy. « Nous jouons beaucoup sur les contrastes entre le chaud et le froid, et la capacité de cette caméra à distinguer les nuances les plus subtiles nous permet d'obtenir l'effet souhaité. »
Un simple plan extérieur nuit de la maison de l'héroïne montre l'étendue de la caméra. L'emplacement est un modeste duplex à Astorie. « Il y a très peu de lumière, » explique Murphy. « Je filme avec un stop de 2, à 1600 ASA. J'avais une grosse lumière bleutée qui illuminait la quasi-totalité de la scène, avec un peu de lumière par en-dessous pour éclairer le tréteau attenant. Il y a une petite lumière sur la maison et, de temps à autre, l'éclairage des phares des voitures qui se garent. Vous seriez vraiment étonné de voir le peu de lumière que j’utilise dans cette scène. Mais avec la DXL2, on peut tout voir, depuis l'obscurité de l'arrière-plan jusque sous le tréteau, puis en remontant dans les arbres qui se dressent dans l'ambiance nocturne. Habituellement, dans une scène comme celle-ci, le ciel serait juste noir. Il n'y aurait rien à voir. Je suis vraiment stupéfait par ce que cette caméra est capable de capturer.
Murphy et Guinness collaborent avec le coloriste Steve Bodner du site new-yorkais de Light Iron.
« Steve est brillant, et nous sommes sur la même longueur d'ondes, » déclare Murphy, qui a précédemment travaillé avec Bodner sur The Good Fight. « Tout est tellement plus simple lorsque vous trouvez quelqu'un qui a les mêmes goûts et la même vision des choses que vous. Steve a conçu la LUT pour Evil, qui y joue un rôle crucial. Il s'agit d'une simulation (KODAK 35mm) 5218 légèrement modifiée, mais c'est aussi beaucoup plus que ça. Je n'utilise qu'une seule LUT, et j'ajuste la lumière ou la caméra, ou les deux pour s'adapter à la scène. »
« Depuis ma première rencontre avec Fred et Tim pour les tests sur de The Good Fight jusqu'à aujourd'hui sur le tournage de Evil, j'ai su que nous serions sur la même longueur d'ondes, » déclare Bodner. « Les deux sont très talentueux avec un excellent esprit de collaboration, ce qui est très stimulant, car cela me permet d'essayer de nouvelles choses. » Je leur suis vraiment reconnaissant qu'ils me laissent ajouter mes touches personnelles, parce que c'est ça qui rend mon travail fascinant et gratifiant. Je pense que Evil propose un style unique qui se démarque des autres programmes. »
Murphy ajoute que sa collaboration avec Panavision remonte aux années 1970, lorsqu'il était, « un jeune caméraman réalisant des films sans budget. » Aujourd'hui encore, Panavision le suit dans ses projets. « Si j'ai besoin de quoi que ce soit, ils le trouvent, » précise-t-il. « Ils ont conçu des gadgets sur mesure pour moi, comme l'iris géant de Murder in the First, ainsi qu'un objectif spécial pour La prophécie des ombres où seul le centre était net. Et vu que Light Iron fait partie de Panavision, ils connaissent vraiment cette caméra. Les rushes sont formidables. Les équipes de Panavision et de Light Iron jouent un rôle majeur dans l'esthétique de ces programmes.