David Lanzenberg et Todd McMullen plongent dans Palm Royale
Créée par l'auteure-productrice Abe Sylvia, la comédie dramatique Palm Royale raconte l’histoire du parcours ambitieux d’une femme pour se faire une place parmi la haute société, à travers des cadres extravagants qui évoquent l’âge d’or du magazine Life. Le chef opérateur David Lanzenberg était derrière la caméra pour les deux premiers épisodes, en collaboration avec le réalisateur Tate Taylor. Les huit épisodes suivants ont été tournés par Todd McMullen, directeur de la photographie. Avec le concours de Panavision Woodland Hills, les chefs opérateurs ont choisi d'associer des objectifs sphériques grands formats Panaspeed à la caméra Millennium DXL2. Les deux hommes expliquent de quelle manière le langage visuel de la série a été rehaussé par les choix effectués par les équipes artistique, coiffure et maquillage, ainsi que par les costumiers.
Panavision : Quelles sont les références visuelles particulières dont vous vous êtes inspiré ?
David Lanzenberg : Dès le début, Abe Sylvia et Tate Taylor, [le producteur exécutif et le réalisateur], avaient des références très spécifiques qu'ils souhaitaient que Todd et moi suivions. L'idée était de véritablement épouser le ton, la sensibilité et l'opulence des superbes photographies de Slim Aarons, dotées d'un aspect résolument Ektrachrome de chez Kodak typique des années 60 et 70, avec des couleurs primaires vives.
Todd McMullen : Slim Aarons travaillait en tant photographe de l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il a focalisé son objectif sur « des personnes séduisantes faisant des choses séduisantes dans des endroits séduisants ». Slim était passé maître dans l'art de composer des images inclusives, élégantes et audacieuses, qui tenaient compte du paysage et de l'architecture de l'époque.
Comment décririez-vous l'esthétique de Palm Royale ?
McMullen : D'un point de vue visuel, la série est empreinte d'un style rétro ambitieux, attrayant et qui met l'accent sur une nouvelle palette de couleurs dynamique qui a éclos dans les années 60. Nous nous sommes intéressés aux motifs, aux tissus et aux styles audacieux qui émergeaient à cette époque. L'Amérique sortait du noir et blanc et de la monotonie des années 50 et commençait à s'imprégner de couleurs. L'histoire se déroulant à Palm Beach, en Floride, il nous a semblé approprié de proposer un univers chaud, ensoleillé et accueillant.
Lanzenberg : Je me souviens que lors de ma première rencontre avec Tate Taylor, j'ai dit : « J'aimerais vraiment donner vie à cette histoire avec une seule caméra ».Chaque série est différente. Pour imposer le ton et l'esthétique dès les deux premiers épisodes de Palm Royale, le fait de n'avoir qu'une seule caméra nous a vraiment aidés. Dans certaines scènes au bord de la piscine, le placement de chaque élément à l'arrière-plan a été parfaitement déterminé par l'opérateur. Une certaine symétrie était présente. L'attention portée au moindre détail était essentielle : dans l'habillage des décors, dans la mise en scène, quand nous faisions un gros plan, quand nous n'en faisions pas. C'était formidable d'être en mesure de réaliser cela.
Qu'est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?
Lanzenberg : Todd participait à une autre série lorsque j'ai commencé à préparer les deux premiers épisodes. Palm Royale a été une excellente occasion de s'adjoindre à nouveau les services de Panavision afin d'obtenir un rendu unique. Panavision propose un environnement très familier où que vous vous trouviez dans le monde, que ce soit au Canada, à New York, à Los Angeles ou à Paris. La communauté très soudée.
McMullen : Pour chaque projet, je me tourne toujours vers Panavision en premier. Il existe une multitude de raisons à cela, mais le service, l'éventail des outils mis à disposition et l'expérience dans la fabrication de ces outils sont primordiaux. Et l'équipe de Panavision est infaillible. Elle n'hésitera jamais à vous aider à trouver des solutions. Le nombre de sites dont ils disposent dans le monde entier pour accéder à l'équipement est également d'une grande aide.
Qu'est-ce qui vous a amené à choisir les objectifs Panaspeed et la caméra Millennium DXL2 ?
McMullen : Comme David l'a expliqué, je travaillais sur une autre série quand Palm Royale a commencé. Avec Chad Rivetti, premier assistant-opérateur, ils se sont occupés de trouver l'équipement qui conviendrait à l'esthétique et les objectifs Panaspeed se sont imposés. Ils ont brillé par leur vitesse, leur rendu et leurs « imperfections » pour mettre en valeur l'univers coloré des années 60. Par ailleurs, la caméra DXL2 est ultra performante et possède des capacités grand format et un capteur qui je trouve naturel et fluide.
Lanzenberg : J'ai toujours aimé travailler avec cette caméra par le passé, car elle offre une certaine qualité d'impression grâce à son capteur Monstro. Cela me rappelle, en termes de texture, certains des films des années 70 avec lesquels j'ai grandi et que j'apprécie beaucoup. L'un des inconvénients de la prise de vue numérique est que l'on perd parfois cette texture que l'on pouvait modifier avec une pellicule. En tant que chef opérateur, il s'agit d'une possibilité que vous souhaitez conserver, et la DXL2 vous permet cela, ce qui est un avantage indéniable. Un même produit ne convient pas forcément à tous les projets, et chaque caméra offre des possibilités différentes, mais celle-ci nous a offert une qualité d'impression que j'apprécie particulièrement.
D'après vous, quelles caractéristiques ont rendu les Panaspeed parfaits pour Palm Royale ?
Lanzenberg : J'avais testé les Panaspeed sur une précédente série et j'avais vraiment aimé travailler avec ces objectifs. Il existe une certaine douceur dans l'image et une tridimensionnalité que j'obtiendrais normalement avec des objectifs anamorphiques. Lorsque l'occasion s'est présentée de travailler sur Palm Royale, nous avons fait plusieurs essais avec d'autres objectifs fournis par Panavision, mais les Panaspeed sont toujours restés dans un coin de ma tête. Tourner avec a été un réel plaisir. Nous les avons associés à des accessoires de flare anamorphiques que Dan Sasaki a conçu, ce qui nous a permis de créer ce ton très subtil à l'image avec de légères aberrations à l'arrière-plan ou sur les bords et de maîtriser la mise au point à des distances données. Nous avions ainsi le meilleur de chaque monde entre les mains.
En quoi ce projet est-il différent des autres de votre carrière ?
McMullen : Palm Royale a été un projet merveilleux qui m'a permis de m'éloigner des tons plus sombres auxquels on m'associe habituellement. Il s'agissait certes d'une comédie, mais l'histoire se démarquait sur le plan émotionnel et présentait des niveaux de noirceur sous-jacentes. Il était donc essentiel de nous engager dans le système d'éclairage de la comédie, puis d'être en mesure d'appliquer une certaine atmosphère et une ambiance mystérieuse lorsque l'histoire l'exigeait. L'autre atout de cette série est que les décors et les costumes étaient si bien pensés et si détaillés qu'ils faisaient partie intégrante de l'histoire. Les décors, les coiffures et les tenues n'étaient pas des accessoires mais des personnages principaux. Chaque image était égayée par la mosaïque de couleurs, de motifs et de riches pièces de décor.
Lanzenberg : Chaque série est différente et apporte quelque chose de nouveau. Mais celle-ci, en particulier, a été assez incroyable dès le début, dès la lecture du scénario et le fait qu'il s'agissait d'une pièce d'époque. Il faut dire que j'ai un faible pour les pièces d'époque. Le réalisateur et le directeur de la série étaient ravis à l'idée de tourner avec un format d'image de 2.39:1, et avec les superbes décors et costumes, tout s'est très bien déroulé. C'était une expérience unique. Le processus créatif n'a cessé de se développer, comme s'il avait une vie propre. Je tiens à remercier Tate Taylor, le réalisateur, qui a permis que tout cela se produise. C'est ce qui a été le plus gratifiant lors de l'aventure de Palm Royale.
Qu'est-ce qui a poussé chacun d'entre vous à devenir chef opérateur ?
McMullen : Je puise mon inspiration en matière de cinématographie, et de photographie en général, dans la pratique de l'observation : de quelle manière s'inscrit chaque instant dans le monde naturel et réel en termes de lumière, de vie et de perspective. Mon objectif est d'appliquer ces observations et ces regards à la narration visuelle sans attirer l'attention sur le processus.
Lanzenberg : Mon frère travaillait en tant que chef opérateur dans l'univers de la publicité, et j'ai en quelque sorte suivi ses traces. J'ai commencé comme stagiaire, puis comme deuxième assistant-opérateur et enfin premier assistant-opérateur. Ma mère était une artiste et une cinéaste, et j'ai toujours aimé regarder des films avec elle. L'un des premiers films auxquels je fais souvent référence est Les Moissons du ciel, réalisé par Terrence Malick, pour l'art cinématographique de Néstor Almendros. Regarder ce film avec les yeux d'un jeune de 13 ou 14 ans était incroyable. Plus j'en ai appris sur ce film, plus j'ai été fasciné par la façon dont ils ont réussi à tourner le film, en grande partie à la tombée de la nuit. J'ai toujours trouvé cela exceptionnel, même encore aujourd'hui. Par exemple, il a fallu 360 jours pour tourner Lawrence d'Arabie et cela se voit. Il me semble que la réalisation de ces films est empreinte d'un certain esprit romanesque, en particulier dans les plus classiques, et c'est quelque chose qui reste important à mes yeux.