La cinématographie de Superman avec Henry Braham BSC

La première apparition de Superman dans Action Comics n° 1 en 1938 a marqué le début d’un âge d’or pour les histoires de super-héros dans les pages de DC Comics. Avec le long métrage Superman, le scénariste et réalisateur James Gunn inaugure une nouvelle ère dans la narration en prises de vues réelles pour les héros et les méchants légendaires de DC, reflétant le monde moderne tout en honorant l’histoire et le cœur des personnages.
Pour porter à l'écran cette version de l’Homme d’acier, Gunn a réuni une équipe de collaborateurs, dont le chef opérateur Henry Braham BSC. Ayant déjà travaillé sur les précédents longs métrages du réalisateur, Guardians of the Galaxy Vol. 2 et Vol. 3 et The Suicide Squad, Braham s’est efforcé d’ancrer l’action de Superman avec une caméra au sol, souvent tenue à la main, mais toujours stabilisée afin de ne jamais distraire le public de l’histoire qui lui est racontée. Braham a principalement travaillé avec des caméras Panavised RED V-Raptor [X], avec le soutien de Panavision Atlanta ainsi que de ses collaborateurs habituels chez Panavision Londres. Panavision s’est récemment entretenue avec le chef opérateur afin de connaître son point de vue concernant la production.
Comment décririez-vous le style du film ?
Henry Braham BSC : Ancré dans la réalité. Il rassemble toutes les expériences que j'ai vécues dans la réalisation de films, y compris beaucoup de photographies aériennes, et des expériences de vie, aussi, afin de trouver l'équilibre entre la vérité et le fantastique.
Y a-t-il des références visuelles qui vous ont inspirées ?
Braham : Il s'agit d'une question difficile. En réalité, tout peut devenir une référence visuelle. L'objectif est de trouver un langage visuel pour le film qui soit spécifique à cette histoire. Superman, parle de l'humanité, de la faillibilité et de pouvoir de la bonté et de l'espoir. Me promener dans Cleveland, dans l'Ohio - lieu de vie des scénaristes originaux [Jerry Siegel et Joe Shuster] - a été pour moi un point de départ me permettant de comprendre la fierté et l'espoir de l'époque face à la réalité des luttes humaines quotidiennes.
Comment avez-vous collaboré avec le réalisateur James Gunn pour obtenir l'aspect souhaité ?
Braham : Intensément. Le travail de tous les cinéastes impliqués est de transposer à l'écran la vision, la personnalité et le style de narration du réalisateur. Cela passe par une préparation intense et une communication structurée. Les réalisateurs travaillent différemment, et le processus et le parcours sont toujours fascinants. James est à la fois scénariste et réalisateur, donc tout commence par son scénario. La conception des séquences et des scènes spécifiques complexes se font d'abord dans son écriture, puis dans ses storyboards, et enfin dans l’animation pré-visualisée, généralement pour les actions qui nécessitent une planification complexe avec beaucoup de disciplines.
La narration influe sur l’apparence du film. Dans le cas de Superman, l’intention était que le style visuel soit ancré dans la réalité tout en transportant le public dans un grand voyage visuel. Cela peut sembler contradictoire, mais cela signifie que le style de tournage est, d’une part, très structuré et préparé, et d’une autre part, intuitif. Voici la philosophie qui explique ma façon de filmer presque entièrement à la main, mais en tout restant totalement stabilisé. Cela permet au public de rester présent dans la scène et, je l’espère, de ne pas être conscient de la façon dont le film est photographié ou de ce que fait la caméra - un conduit intuitif pour la voix du réalisateur à l’écran.
Dans le cas de l’effet « imprimé » ou de la texture photographique du film, je trouve utile de filmer le matériel pendant la préparation et de constituer une courte bobine pour travailler sur la couleur. Cela permet à chacun de comprendre le rendu des couleurs et de faire des choix de conception en connaissance de cause. Cela signifie également que la couleur est intégrée au film dès le commencement. C’est important pour tout le monde, mais surtout lors du processus de réalisation des effets visuels qui nécessitent de connaître l’intention avant de commencer. Cette introduction précoce implique par ailleurs que le processus de couleur en post-production sera rapide.
Comment l’étendue de l’inventaire de Panavision influence-t-elle votre processus ?
Braham : Pour moi, Panavision, ce sont avant tout des personnes. Charlie Todman [directeur du marketing technique de Panavision Royaume-Uni] et son équipe possèdent une expérience et des connaissances incroyablement étendues. La réalisation d'un film est un travail d'équipe. Cela a toujours été le cas depuis que j'ai commencé, et à cette époque, je ne savais rien de ce que je sais maintenant. Le soutien et la contribution qu'apporte l’équipe de Panavision à chaque chef opérateur, à chaque équipe de tournage et à chaque producteur sur chaque projet sont essentiels.
Le plus important pour moi, c’est la simplification. Et sur ces projets, les systèmes sont importants. Tout d’abord, Dermot Hickey, AC, et l’équipe de Panavision inventent toujours des moyens de réduire, de simplifier et de faire progresser la technologie. Rien n’est immobile.
Qu'est-ce qui vous a inspiré à devenir chef opérateur et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?
Braham : J’ai toujours été une personne visuelle. Je pense en images. C’est la même chose aujourd’hui, mais j’aime les gens, la collaboration, l’invention et le processus qui consiste à transformer quelque chose de notre imagination en un film réel dans une salle de cinéma.
Photographie de l’unité par Jessica Miglio, SMPSP. Toutes les images sont reproduites avec l’aimable autorisation de Warner Bros.