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À travers les yeux d'un âne

Le chef opérateur Michał Dymek, PSC, partage les inspirations visuelles derrière le film EO du réalisateur Jerzy Skolimowski.

Puisant son inspiration dans le film Au Hasard Balthazar de Robert Bresson sorti en 1966, EO, le long métrage de Jerzy Skolimowski, suit les péripéties d'un âne de cirque polonais confrontés à différentes facettes de l'humanité. Avec une cinématographie de Michał Dymek, PSC, le film a été projeté en avant-première au Festival de Cannes en 2022. Celui-ci a valu à Skolimowski de remporter un prix du jury et d'être maintenant en lice pour l'Oscar du meilleur long métrage international.

« Je pourrais décrire l'esthétique de EO comme une fusion de la jeunesse et de l'expérience, mêlée à une envie de folie visuelle et d'amour du cinéma vu au travers des yeux d'un âne », explique Michał Dymek, qui a fait appel à Panavision Varsovie pour réunir son ensemble de caméras et d'objectifs. « Nos références cinématographiques sont les films documentaires de Bogdan Dziworski, Huit et demi de Federico Fellini et Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas. Du point de vue artistique, nous nous sommes inspirés des peintures de Leon Tarasewicz et de Tomasz Tatarczyk ainsi que les œuvres d'Antony Gormley. J'ai aussi cherché l'inspiration en observant la réalité et en essayant de comprendre ce qui m'entoure. J'ai également passé du temps sur Instagram en quête de créativité. »

Dymek se remémore son cheminement qui l'a mené à travailler sur la photographie de EO en remontant jusque dans sa jeunesse. « Pendant mon enfance et tout au long de mon adolescence, j'ai fait du judo à certain niveau, jusqu'au jour où je me suis gravement blessé au cours d'un "combat" », se souvient le chef opérateur. « Toute la partie supérieure de mon corps était enveloppée d'un plâtre, et je n'avais qu'un seul bras fonctionnel. C'est à ce moment, totalement par hasard, que je me suis retrouvé avec un appareil photo dans la main. Ça a été un coup de foudre, et il ne m'a depuis jamais quitté.

« J'ai rapidement été fasciné par le pouvoir de la photographie et sa capacité de transmettre une histoire au spectateur sans aucun son », poursuit Michał Dymek. « Ma fascination s'est transformée en véritable passion et m'a conduit à abandonner mes ambitions sportives pour me lancer dans une carrière de cinéaste. J'ai fait une demande d'inscription et ai été accepté dans la Polish Film School, qui a changé ma vie. C'est comme ça que tout a commencé. »

En tant que chef opérateur, Michał Dymek trouve sa motivation créative de différentes sources. « Ce qui m'inspire le plus, c'est de penser que malgré les innombrables histoires cinématographiques, il est encore possible de raconter quelque chose qui touchera les spectateurs au cinéma », indique-t-il. « D'un point de vue plus visuel, j'essaie d'observer et de trouver un maximum de moments beaux, intéressants et étranges dans mon environnement de tous les jours. En parallèle, je regarde aussi beaucoup de bons films et je lis des scripts. »

Comme l'atteste la réception critique de EO, l'histoire a ému les spectateurs du monde entier. « EO m'a offert une extraordinaire liberté artistique que je n'avais jamais connue au cours de mon parcours professionnel », indique Dymek. « Cela impliquait également de nombreuses responsabilités, et je me devais d'être à la hauteur. Je serai éternellement reconnaissant au réalisateur Jerzy Skolimowski. »