Un esprit entre les mondes
Réalisé par Héléna Klotz, La Vénus d'argent présente l'histoire de Jeanne Francoeur (interprétée par Claire Pommet), une jeune femme qui cherche à échapper aux circonstances de sa naissance en se transformant en une prédatrice silencieuse dans le monde de la banque d'investissement. En collaboration avec Panavision Paris, le directeur de la photographie Victor Seguin, AFC a utilisé des objectifs PVintage et Primo 70 et une caméra Panavised Venice pour aider à visualiser les environnements contrastés de Jeanne. Ici, Victor Seguin partage ses expériences, de collaboration avec Héléna Klotz et, de recherche d'un look unique pour chacun des mondes de Jeanne.
Panavision : Comment avez-vous été impliqué dans le projet ?
Victor Seguin, AFC : J'ai rencontré Héléna Klotz en 2011 lorsqu'elle réalisait son moyen métrage L’âge atomique. Je sortais de l'école et je suis venu donner un coup de main comme électro pour voir comment travaillait sa cheffe opératrice Hélène Louvart. Je l'ai retrouvée en 2021 quand elle a cherché un chef opérateur pour son court métrage Amour océan. C'était une sorte de préambule à La Vénus d'argent, on partageait l'été de deux sœurs qui vivent dans une caserne de gendarmerie. Héléna cherchait une équipe qui puisse la suivre sur son projet de long métrage, avait entendu parler de moi et appréciait mon travail. Cette première collaboration s'est révélée très agréable et créative et j'ai été très heureux de pouvoir poursuivre avec son long métrage.
Comment décririez-vous le look du projet ?
Seguin : La Vénus d'argent juxtapose deux univers, celui de la famille de Jeanne, une jeune femme qui vit dans une caserne de gendarmerie, et celui de la haute finance dans lequel elle essaye de trouver sa place comme quant trader. Dans ce dernier univers, Jeanne se montre froide et déterminée, ambitieuse, retranchée sous un masque de logique mathématique. Dans la caserne, le naturel la rattrape, entre la tendresse attentive de sa famille et l'émoi causé par le retour d'un premier amour contrariant.
Nous avons voulu caractériser visuellement ces deux vies de Jeanne par des cadres plus libres dans la caserne et plus strictes et composés dans la finance, des lumières plus chaleureuses ou froides et l'utilisation de deux séries d'optiques de chez Panavision. D'un côté, la série Super 35 PVintage, sa douceur, ses très beaux bokeh et ses aberrations intéressantes (que nous avons augmentées en utilisant sur la Venice un capteur plus grand que Super 35) donne un aspect organique à ce lieu de vie qu'est la caserne. De l'autre, la série grand capteur Primo 70, plus moderne, définie et sans aberrations, accompagne le masque de rigueur de Jeanne, sa « carapace de banquière ». Elle passe d'un univers à l'autre comme dans un rêve éveillé, bercé par la musique formidable d'Ulysse Klotz, le frère d'Héléna.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans les objectifs spécifiques que vous avez choisis et quelles sont les références visuelles particulières du projet ?
Seguin : Fille de cinéastes, Héléna m'a dit avoir grandi avec Bresson plutôt qu'avec les productions Spielberg. Mais elle assume aujourd'hui aussi volontiers son goût pour les univers très visuels des grandes productions de films ou de séries américaines. Et ces deux types de références ont cohabité tout au long de la préparation, cherchant la rigueur ou la liberté d'un cadre, l'utilisation généreuse des couleurs ou des techniques de prise de vue, ici ou là.
Qu'est-ce qui vous a amené à Panavision pour ce projet ?
Seguin : Je collabore depuis longtemps avec Panavision. J'aime l'univers visuel unique qu'offrent leurs optiques. Je sais que je peux retrouver cette cohérence dans le choix d'optiques de Panavision, et en même temps une variété d'outils qui suffit à accompagner tous les projets.
Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir directeur de la photographie et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?
Seguin : Mon envie de devenir chef opérateur vient d'une pratique des arts plastiques et d'un goût pour la fabrication autant que pour la conception. La variété des outils disponibles aujourd'hui pour le tournage et la post-production d'un film et leur simplicité permet aux chefs opérateurs une approche plus artisanale qui me plait. Je trouve la richesse visuelle des films et des séries aujourd'hui enthousiasmante.
Photos par Carole Bethuel et Nicolas Sanchez. Toutes les images sont une gracieuseté de Les Films du Bélier.