Passer au contenu principal

Appel et réponse

Le directeur de la photographie Marshall Adams, ASC, nous explique comment la caméra a créé l'espace nécessaire au déroulement de l'histoire dans la série Better Call Saul, spinoff de Breaking Bad.

Connu pour avoir photographié des séries télévisées cultes comme Felicity et Monk, Marshall Adams, ASC, sait identifier et mettre en image les scénarios qui déjouent les attentes des spectacteurs. Son dernier projet en date est dérivé de la série Breaking Bad du scénariste et producteur Vince Gilligan, qui raconte de manière unique l'histoire d'un professeur de chimie devenu baron de la méthamphétamine. Après une expérience d'un épisode lors de la cinquième et dernière saison de cette série, Adams a repris son rôle derrière la caméra de la 3e à la 6e saison de Better Call Saul, créée par Gilligan et Peter Gould. Peu après la diffusion du dernier épisode en août dernier, Adams s'est entretenu avec Panavision pour revenir sur son travail pour cette série.

Panavision : Comment décririez-vous la cinématographie de Better Call Saul ?

Marshall Adams, ASC : L'esthétique repose sur la symétrie, la simplicité et la narration. Notre objectif était de trouver la symétrie lorsqu'elle s'y prête, ce qui, selon moi, donne à la scène le temps nécessaire pour se dérouler dans ce cadre, parce qu'elle est intéressante et a beaucoup à raconter. Souvent, nous nous sommes efforcés de trouver et de maintenir un cadre qui fonctionne pour l'action mais, surtout, qui donne un aspect authentique à l'histoire. Dans la mesure du possible, nous avons essayé de réduire chaque plan à l'information qu'il véhicule. Les cadres les plus simples peuvent souvent être très élégants dans leur narration.

Nous avons également essayé de réduire au maximum le mouvement de la caméra. Et aussi drôle que cela puisse paraître, les opérateurs ont travaillé très dur pour ne pas bouger. Imaginons que nous suivions quelqu'un qui sort d'une voiture et marche pour rencontrer et parler avec un autre personnage. S'arrêter quand l'acteur s'arrête est assez standard, mais la partie difficile réside dans le fait de poser le cadre exact qui peut rester pendant encore 2 à 3 minutes sans bouger. Les opérateurs Matt Credle, Jordan Slovin et Wally Sweeterman étaient tellement concentrés sur l'endroit exact où ils devaient poser ce cadre que deux mois plus tard, ils se rappelaient toujours exactement où se trouvaient les lignes de cadre.

Une autre chose particulière que nous faisions : limiter l'opération à un seul axe. Nous pouvions par exemple faire des panoramiques, des inclinaisons ou des zooms, mais une seule fois.

Aviez-vous des références particulières qui ont inspiré l'approche visuelle ?

Adams : Vince et Peter ont souvent raconté avoir regardé The Conformist de Bernardo Bertolucci, avec Arthur Albert, le directeur de la photographie sur les saisons 1 et 2, et son équipe. Je sais que c'était une influence importante pour eux et que cela a certainement contribué à l'approche visuelle de Saul, tout comme les influences évidentes du film noir et de nombreux westerns classiques. J'avais certes un grand défi à relever lorsque j'ai pris le relais à la saison 3, mais le style correspondait parfaitement au mien et, avec l'aide de Vince et Peter, nous avons continué à le développer jusqu'à la saison 6.

Qu'est-ce qui vous a amené à Panavision pour ce projet ?

Adams : J'avais eu d'excellentes relations de travail avec Panavision par le passé. En décembre 2017, lorsque nous avons entamé la saison 4 de Better Call Saul, j'ai eu du mal à réunir le matériel dont j'avais besoin, alors Bob Foertsch [directeur des ventes et du marketing chez Panavision Woodland Hills] est venu à mon secours. Depuis, je ne fais plus une seule série sans faire appel à lui ou à Panavision.

Début 2019, nous avons décidé de passer Saul saison 5 en grand format. Encore une fois, Bob et toute l'équipe de Panavision nous ont aidés à choisir le bon équipement, et cela a fait toute la différence. Les objectifs Panaspeeds étaient parfaitement adaptés car leur vitesse me permettait de contrôler la profondeur de champ. Nous avons utilisé la profondeur de champ comme outil de narration plus que je ne l'avais jamais fait dans ma carrière, même pour les extérieurs de jour.

En quoi Better Call Saul a-t-il été différent des autres projets de votre carrière ?

Adams : J'avais fait un épisode complet et quelques journées de travail sur Breaking Bad, donc je savais déjà à quel point l'expérience Gilligan-Gould était unique. Après avoir été engagé pour Better Call Saul, j'ai déjeuné avec Vince, Peter et les productrices exécutives Melissa Bernstein et Diane Mercer. Ils ont été tout de suite été très clairs sur le fait qu'ils allaient non seulement soutenir tout ce que je voudrais essayer visuellement, mais qu'ils préféraient devoir tourner à nouveau une scène plutôt que d'avoir l'impression que j'ai choisi la facilité et que je n'ai pris aucun risque. C'était la première fois que j'avais ce type de conversation dans ma carrière. Je n'avais même jamais entendu quiconque raconter avoir entendu ce discours de la part des producteurs exécutifs !

J'ai rapidement compris que l'une des principales raisons pour lesquelles tous les membres de l'équipe étaient si investis dans la série et ses histoires était la manière dont les producteurs encourageaient chacun à sortir des sentiers battus et apporter des idées (parfois folles), parce qu'ils tenaient à les entendre. Cela et le fait que la série a été écrite par des scénaristes extrêmement talentueux et que toutes les personnes de l'équipe, du producteur artistique aux figurants, étaient très sympatiques.

Comment avez-vous débuté dans ce métier ?

Adams : Je suis tombé amoureux du cinéma quand j'ai visité le plateau de Rockford Fileslorsque j'étais adolescent. Au départ, je souhaitais travailler en tant que membre de l'équipe de tournage. J'ai commencé à travailler derrière la caméra sur de petits projets, puis j'ai eu l'occasion d'intégrer une équipe de tournage, mais j'ai réalisé que j'étais un très mauvais assistant caméra, surtout parce que j'étais trop occupé à surveiller l'éclairage. J'étais plus à mon aise en tant qu'électricien. Après avoir gravi les échelons et travaillé comme chef électricien pendant plusieurs années, j'avais à présent très envie de tourner. L'occasion s'est présentée en 1999, avec quelques obstacles en chemin, et finalement en 2001, j'ai été engagé définitivement.

Photographie par Greg Lewis, avec l'aimable autorisation d'AMC/Sony Pictures Television. Les autres images ont été gracieusement offertes par les réalisateurs.