Jake Polonsky, BSC à propos de la publicité McDonald’s d’Edgar Wright
Comme en témoigne la récente campagne publicitaire menée au Royaume-Uni par la célèbre chaîne de restauration rapide, « Envie d'un McDonald's ? » est une question qu'il vaut mieux poser – et à laquelle il vaut mieux répondre – par un haussement de sourcils et une danse en sortant du bureau. Le spot télévisé « #RaiseYourArches » de la campagne a été réalisé par Edgar Wright et fait appel au travail de caméra habile du chef opérateur Jake Polonsky, BSC ; le duo a notamment collaboré sur le documentaire musical The Sparks Brothers sorti en 2021. Dans cette interview, Polonsky explique comment l'affinité de Wright pour l'anamorphique a contribué à orienter leur décision de tourner le spot avec des optiques de la Série C fournies par Panavision London.
Panavision : Comment décririez-vous l'esthétique de ce spot ?
Jake Polonsky, BSC : L'objectif était de créer une sorte de réalité augmentée. Je voulais donc de superbes objectifs, mais sans donner l'impression que nous étions dans un « film ». La chorégraphie était essentielle, et une fois que Jen White, notre formidable chorégraphe, nous a expliqué comment les mouvements allaient être exécutés, nous avons commencé à créer la chorégraphie de la caméra. La caméra est toujours en mouvement, que ce soit sur un dolly, une Steadicam, une grue ou un drone ; nous devions être aussi dynamiques que les employés de bureau, si ce n'est plus.
L'un des aspects du travail d'Edgar que j'apprécie le plus est son sens de l'humour vis-à-vis des mouvements de caméra. Peu de gens ont cette sensibilité, mais au fil de nos années de collaboration, j'ai compris qu'Edgar avait un sens très précis de la position de la caméra à un moment donné. Dans ce type de projet, il faut également savoir comment faire ressortir l'humour de ce que l'on montre au public à des moments précis. Les techniques comme les panoramiques et les zooms rapides contribuent à rendre le langage de la caméra plus attrayant en ajoutant une ponctuation et une emphase à des actions et à des images spécifiques.
Y avait-il des références visuelles particulières que vous avez consultées pour vous inspirer ?
Polonsky : Nous n'avons pas discuté de beaucoup de références pour cette publicité. Je pense que nous avions tous les deux une idée claire de ce que nous voulions créer, sans avoir besoin de nous inspirer du travail de quelqu'un d'autre. Mais en ce qui concerne les films précédents d'Edgar, celui-ci semblait avoir le plus de points communs avec Baby Driver, dans la mesure où tout était guidé par la musique. Dès le premier script d'agence que j'ai lu, la chanson « Oh Yeah » de Yello faisait partie intégrante du film, et de nombreux éléments de l'action et de la caméra étaient liés à des moments spécifiques de cette chanson.
Qu'est-ce qui vous a amené à Panavision pour ce projet ?
Polonsky : Je sais qu'Edgar adore les objectifs anamorphiques, et pour moi, la série C reste la référence en la matière – un équilibre parfait entre douceur et flares magnifiques, le tout dans des boîtiers compacts et relativement légers. Vous ne pouvez jamais vous tromper avec les modèles de la Série C. Chaque fois que vous en posez un sur un viseur ou une caméra, le monde devient plus intéressant.
La Série C a permis d'adoucir un lieu qui aurait pu autrement paraître assez stérile. Nous avons tourné dans l'ancien bâtiment de Diageo, dans l'ouest de Londres, où les lignes droites et les bords durs sont légion. Le fait d'avoir un peu de « funk » sur les bords a conféré une certaine personnalité au lieu.
Comment ce projet se compare-t-il aux autres projets de votre carrière ?
Polonsky : C'était l'occasion de mettre à profit mes connaissances et mon expérience pour les intégrer dans un projet court avec un réalisateur très talentueux. J'ai passé une grande partie de ces dernières années à travailler sur des émissions télévisées plus longues, et c'est agréable d'avoir la chance de revenir dans le monde où j'ai commencé - les publicités et les clips musicaux - où il peut être question d'un peu plus de « sprint » que de « marathon ». Sur un projet plus court, vous pouvez apporter beaucoup d'énergie à chaque journée de tournage.
Une autre grande différence réside dans le processus d'Edgar, qui implique autant de répétitions que possible. Nous avons planifié chaque partie du spot avant les jours de tournage, avec les acteurs en place, ce qui a permis de résoudre de nombreux problèmes et de faire preuve d'une grande créativité à l'avance.
Qu'est-ce qui vous a inspiré à devenir chef opérateur et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?
Polonsky : Quand j'étais petit, mon père m'a fait entrer en cachette au cinéma Renoir de Londres pour voir Triple Assassinat dans le Suffolk de Peter Greenaway. Ce film m'a fait l'effet d'un coup de tonnerre. La musique de Michael Nyman, la photographie de Sacha Vierny et l'approche unique de Greenaway en matière de réalisation. Je n'avais jamais rien vu de tel. Ma voie était toute tracée.
Aujourd'hui, je pense que l'inspiration peut naître de n'importe où : d'un reflet de lumière dans votre salon, d'un repas savoureux, d'une conversation avec un vieil ami ou d'une exposition de photos que vous n'avez jamais vues auparavant. Je pense que tant que vous continuez à observer et à expérimenter, vous pouvez toujours vous inspirer de ce qui se passe autour de vous. En ce moment, j'aime beaucoup le livre de Rick Rubin sur la créativité, The Creative Act. J'adorerais le filmer au travail.