William Eubank, réalisateur : une approche guidée par la caméra

William Eubank, réalisateur de longs métrages palpitants comme Paranormal Activity: Next of Kin et Underwater, le thriller océanique dirigé par Kristen Stewart, apporte une perspective unique à la réalisation de films. Sa démarche est profondément ancrée dans son passé de chef opérateur. L’expérience d’Eubank en tant qu’ancien technicien de préparation chez Panavision lui a permis d’apprécier les outils qui accompagnent l’art de la cinématographie. Grâce à une approche intégrée et axée sur l’image de la narration, cette compréhension l’aide à façonner son style de collaboration, non seulement avec le réalisateur, mais aussi avec tous les chefs de département.

Le dernier long-métrage d’Eubank, Land of Bad, a été tourné en Australie avec le soutien de Panavision Queensland. Ici, avec ses propres mots, il parle de l’esprit de collaboration, de son partenariat avec le département caméra et de la façon dont la définition claire du langage visuel pendant la préparation éclaire ses décisions de réalisation.

Pendant la préproduction, j'essaie toujours de travailler de haut en bas pour définir le style visuel d'un projet. J’ai eu la chance de travailler sur des projets de différents genres, et je commence toujours par le langage de la caméra pour chacun d'entre eux. J’aime commencer par là parce que cela définit une grande partie de la façon dont je vais créer le tournage ou éventuellement le montage à proprement parler. S'agit-il d'un film à découpage rapide réalisé à la main ou d'un film de précision réalisé lentement à l'aide d'un dolly ? Je me réunis toujours avec mon chef opérateur et mon chef décorateur – dans le cas de Land of Bad, Agustin Claramunt et Nathan Blanco Fouraux [respectivement] – et nous commençons à regarder d’autres films pour vraiment approfondir cette définition globale. Une fois fait, il devient beaucoup plus facile de commencer à prendre des choix sur des éléments tels que les palettes de couleurs et les styles d’éclairage.

J’ai travaillé chez Panavision de nombreuses années, pendant et après l’université. C’était vraiment mon école cinématographique. J’ai eu la chance d’y travailler pendant les années charnières de la transition numérique. Les films préquels de Star Wars ont été tournés sur des Sony F900, Collateral a été tourné sur des Sony F900 et des Vipers, et Superman Returns a été tourné sur la Genesis. Je jouais avec les premières cartes AJA et les cartes de capture Blackmagic, en fabriquant des disques durs SATA faits maison pour capturer et lire en Full HD à partir de mon ordinateur personnel connecté à une platine numérique – c’était fou à l’époque ! À ce moment même, chez Panavision, nous savions tous que les choses étaient en train de changer. Les caméras devenaient des ordinateurs, ce qui signifiait que, comme les ordinateurs, il fallait disposer du meilleur et du plus récent à quelques années d'intervalle.

Tout cela pour dire que ce que j’ai vu en travaillant chez Panavision pendant ces années folles, c’est qu’en fin de compte, les objectifs, le service, l’expertise offerts par Panavision étaient plus importants que jamais. Lorsque tous ces éléments importants entrent en jeu, le service et l’expertise de Panavision sont tout simplement inégalés, et je leur serai éternellement reconnaissant pour tout ce qu’ils m’ont apporté au fil des années.

Le réalisateur et moi-même déterminons généralement nos objectifs en fonction du style de prise de vue initial que nous recherchons. J’aime les images larges et rapprochées avec une faible profondeur de champ, mais elles ne conviennent pas à tous les projets. Sur ​​​​​​​Underwater, nous avons tourné en grand format et opté pour les objectifs Primo 70 de Panavision combinés à quelques anamorphiques de la série G sur Alexa Mini pour les plans exigeant une caméra plus petite. Pour Land of Bad, nous avons fini par utiliser à nouveau les objectifs Primo 70. Comme je savais que nous allions enregistrer un grand nombre d'explosions et de cascades, je voulais m'assurer que nous disposions de suffisamment d'objectifs et de caméras de secours pour supporter cette charge de travail.

À mes yeux, les références visuelles sont primordiales. Il est facile de parler de certaines choses ou de revenir sur une idée, mais en définitive, plus vite vous pouvez désigner une image, une couleur, une séquence, une œuvre d'art, et dire : « Ça. C'est ça que nous faisons » -, plus vite les chefs de département se mettent à pied d'œuvre. La pire des attitudes qu'un réalisateur puisse adopter, selon moi, c'est de rester trop longtemps dans le flou. Inévitablement, vous manquez de temps, ou le travail est mal fait. J'ai l'habitude de remplir mon bureau avec des tonnes et des tonnes d'images pour chaque séquence. Cela permet d'avoir de bonnes discussions créatives spontanées lorsque quelqu'un entre dans le bureau pendant la préparation.

J’ai toujours su que je voulais être cinéaste. Mon choix se résumait à piloter des avions à réaction dans la marine ou à réaliser des films. J'étais nul en maths et j'avais besoin de porter des lunettes, alors faire voler des jets, c'était hors de question. J'ai grandi dans la passion des films et des histoires en tout genre et, enfant, je trouvais formidable que le cinéma rassemble tant de personnes créatives. Chaque projet brasse tellement d'idées et de créativité. J'ai travaillé avec tant de gens talentueux et je trouve ça fou de penser au temps que chaque film exige de la part de ses auteurs. J'ai toujours eu l'impression que le cinéma était le médium où toutes les formes d'art s'entrechoquaient. J'ai deux jeunes enfants maintenant, et il sera amusant de voir l'évolution de cette discipline au fil du temps. Mais pour le moment, j'espère continuer à explorer différents genres et à raconter toutes sortes d'histoires du mieux que je peux !