Fabien Faure sur la photographie d'À l'ancienne
Remake du film britannique de 1998 Waking Ned Devine — photographié par Henry Braham, BSC et réalisé par Kirk Jones — À l'ancienne offre une approche fraîche et expressive de l'histoire du billet de loterie sous la direction d'Hervé Mimran. Se distinguant de son prédécesseur britannique par bien d'autres aspects que le langage, À l'ancienne présente un style visuel unique conçu par le directeur de la photographie Fabien Faure. En utilisant des optiques de la série T avec une Arri Alexa 35 Panavised, Faure a insufflé de la vitalité à chaque image de cette comédie de fin de vie. Le directeur de la photographie a partagé son expérience avec Panavision Paris pour cette séance de questions-réponses
Panavision : Comment avez-vous été impliqué dans le projet ?
Fabien Faure : Lorsque j’ai rencontré Hervé Mimran, il avait déjà lancé la prépa de son film « À l’ancienne » ainsi que des premiers repérages. Il devait trouver un nouveau chef opérateur rapidement, suite à un désistement. Des amis en commun nous ont rapproché et permis de nous rencontrer (Olivier Rosemberg, Emmanuelle Youchnovski, Mathieu Ouillon et Jennifer Devolder). Je connaissais aussi ses deux producteurs du film, Hugo Gélin et Igor Gotesman, même si nous n'avions pas travaillé ensemble directement.
Hervé et moi avons pris un café, et nous nous sommes tout de suite très bien entendus. Il m’a dit qu'il s'intéressait avant tout à l’humain, à l’implication dans son projet et à la motivation des personnes impliquées. J’ai tout de suite senti une vraie alchimie et un lien entre nos deux personnalités.
Comment décririez-vous le look du projet ?
Le film se passe sur une petite île, isolée en Bretagne. Une histoire d'amitié entre deux personnages qui se connaissent depuis longtemps, dans un milieu simple et modeste. Il y avait une volonté de montrer ces paysages bretons assez contrastés, un peu austères, tout en restant dans le domaine de la comédie. On voulait montrer des intérieurs sombres et denses, par rapport aux extérieurs plus lumineux, marqués par des ciels nuageux et changeants, tout comme la météo qu’on a pu avoir sur le tournage.
Y a-t-il des références visuelles particulières qui vous ont inspirées ?
Hervé Mimran m’a prévenu et expliqué assez rapidement sa façon de travailler, sa vision pour préparer son film. J’aime et j’ai l'habitude, de mon côté, d’arriver avec des stills et références, pour créer des mood-board, pour trouver l'ambiance du film et de l’affiner avec la mise en scène en prépa. Lui au contraire veut avoir de la liberté sur le plateau. Il aime s’adapter aux choses et contraintes de la vie, que l’on peut avoir sur le plateau et durant le tournage. Il aime découper le matin du tournage, sur le décor, avec son chef opérateur, sa scripte et son premier assistant mise en scène. Il n’aime pas planifier les choses en amont, pour ne pas être bloqué dessus par la suite. Il a une grande confiance en ses différents chefs de poste et est ouvert aux propositions.
Ç'a été un très bon exercice de mon côté, ça m’a obligé à trouver des solutions rapidement et à être très réactif sur le plateau. Ne pas se lancer dans des trop grosses installations, qui devaient pouvoir changer rapidement, et être assez réactif et souple sur le plateau. Nous avions aussi pour contrainte technique, et budgétaire, de ne pas avoir de groupe. Il fallait avoir des sources lumineuses assez légères et une petite équipe technique.
Je me souviens avoir vu la version originale du film « Waking Ned Devine » au cinéma avec ma mère en 1998, dont notre film est ici adapté. Ayant des origines bretonnes et ayant l’habitude d’aller souvent sur l’Ile de Groix, ou une partie de ma famille habite, j’étais évidemment proche et touché par cette histoire et ces habitants.
Qu'est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?
Il y avait cette envie, d’Hervé comme de moi, de faire le projet avec des objectifs anamorphiques dès le début. Nous voulions un rendu avec du caractère, assez marqué, mais réaliste et authentique, ni trop moderne ni vintage. J’ai tout de suite pensé et voulu comparer les séries T, G et C de chez Panavision, que je connaissais grâce à Renzo (Laurent Tangy) dont j’ai été le premier assistant caméra pendant de nombreuses années. La série T s’est imposée très rapidement, grâce à son rendu et son caractère, son côté doux et sharp en même temps. Sa compacité pour notre film, principalement à l’épaule, a été aussi un grand plus ainsi que le nombre de focales que nous avions à disposition dans cette série.
J’aime et j’utilise régulièrement l’Alexa de chez Arri. J’ai effectué un comparatif entre l’Alexa 35 et la Sony Venice 2. J’avais besoin d’une caméra sensible comme je devais être léger en lumière. La dynamique et la possibilité de choisir et customiser la texture à confirmer mon choix pour l’Alexa 35 très rapidement.
Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir directeur de la photographie et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?
J’ai toujours été attiré très jeune par le cinéma et l’envie de participer et de raconter des histoires. D’utiliser la caméra comme moyen d’expression pour faire passer des messages et émotions. Assez rapidement, l’image s’est imposée à moi et m'a conforté dans mes choix de carrière, au début comme assistant caméra puis comme directeur de la photographie.
Je suis attiré et j’aime les nouvelles rencontres, et pouvoir accompagner des réalisatrices et réalisateurs, surtout dans leurs premiers films. J’aime à chaque fois devoir me renouveler, construire et adapter ma collaboration par rapport à un réalisateur ou une réalisatrice face à ses attentes.
Toutes les images sont reproduites avec l’aimable autorisation de Five Dogs, Zazi Films, STUDIOCANAL et M6 Films.