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Des photos qui en disent long

Le chef opérateur Luc Montpellier, CSC, contribue à donner du sens à chaque plan du film Women Talking, de la réalisatrice Sarah Polley.

Le long métrage de la réalisatrice Sarah Polley,Women Talking a été très applaudi depuis sa première au 2022e Festival du film de Telluride Film. Il raconte l'histoire d'un groupe de femme d'une communauté mennonite reculée en 2010, qui se réfugient dans un grenier à foin tout en réfléchissant à l'avenir de leur colonie. Le film est désormais nominé pour les Oscars du meilleur film et du meilleur scénario adapté. En dépit de son cadre intimiste, le film pourrait bien être la collaboration la plus spectaculaire à ce jour entre Polley et le chef opérateur Luc Montpellier, CSC, après les partenariats précédents qui comprennent les longs métrages Away From Her et Take This Waltz.

Pour donner une forme visuelle au poids que représentent Ces femmes à l'écran, Montpellier et Polley ont choisi pour une cinématographie grand format, en utilisant les optiques anamorphiques 1.6 x-squeeze Ultra Vista de Panavision et la caméra Millennium DXL2, toutes fournies par le site Panavision de Toronto. Le chef opérateur a récemment partagé son avis sur le langage visuel de ce drame intime.

Panavision : Comment Sarah Polley et vous avez défini le style visuel du film ?

Luc Montpellier, CSC: Nous sommes partis du présupposé que les femmes du film sont en train de détruire un vieux monde pour en créer un nouveau. Elles envisagent un changement radicale à la fois dans leurs circonstances et dans leur vie intérieure, alors qu'elles s'interrogent sur la signification de leur foi maintenant que les structures dans lesquelles elles vivaient se sont révélées être corrompues.

Il était essentiel que l'imagerie du film reflète le poids de cette décision apparemment impossible. La palette désaturée et la photographie anamorphique grand format avaient pour but d'assurer l'imagerie gothique nécessaire pour soutenir l'idée d'une foi inébranlable, et la façon dont les traditions de cette colonie peuvent être étouffantes mais belles. Le passage de la lumière du jour au crépuscule souligne le peu de temps dont elles disposent pour prendre une décision qui va bouleverser leur vie et vise à créer une tension visuelle, car la lumière disparaît lentement et les femmes peuvent être découvertes en train de comploter à tout moment.

Avez-vous trouvé de l'inspiration dans des références visuelles particulières ?

Montpellier:Nous avons vraiment essayé d'utiliser notre instinct sur ce qui semblait bon pour le film. C'est une histoire tellement émotionnelle qu'il était crucial de faire constamment le lien avec nous-mêmes et de ne jamais sous-estimer la valeur de cela dans nos choix.

Nous avons observé la photographie mennonite de Larry Towell. Chaque cliché puissant que Larry prend est plein d'émotion et laisse le spectateur interpréter sa propre histoire. 

Pourquoi avoir collaboré avec Panavision pour Women Talking ?

Montpellier: Panavision fait partie intégrante de mon processus créatif en tant que chef opérateur depuis le tout début de ma carrière. Je sais simplement que je trouverai la bonne recette pour n'importe quel film grâce à la vaste gamme d'outils qu'ils proposent dans le monde entier. Leur expertise et leur pensée créative en matière d'optique sont inégalées ailleurs.

Qu'est-ce qui vous a attiré vers la caméra DXL2 et les objectifs Ultra Vista ?

Montpellier : Il était important pour Sarah et moi que le film ait une portée épique sans la netteté associée à la cinématographie numérique. Les Ultra Vistas nous ont assuré une image qui se servait de la faible profondeur de champ de la photographie grand format et des caractéristiques héritées des anamorphoses Panavision. Nous avons immédiatement eu une réaction émotionnelle à la douceur des bords de l'objectif et à son ratio natif de 2.76:1 sur le DXL2. Ce format nous a permis de réunir intimement les femmes dans chaque image du grenier et de capturer les extérieurs majestueux des colonies qui nous rappellent ce pour quoi ces femmes se battent.

Qu'est-ce qui distingue Women Talking des autres projets de votre carrière ?

Montpellier : Women Talking est le projet le plus important dont j'ai eu le privilège de réaliser la photographie. Je n'ai jamais participé à un film qui a suscité autant de conversations après le générique. C'est une chose rare et c'est vraiment addictif en tant que cinéaste.

Qu'est-ce qui vous a inspiré à devenir chef opérateur et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?

Montpellier: Enfant, je m'échappais toujours au cinéma, j'y trouvais tellement de réconfort. J'étais aussi curieux du fonctionnement intérieur des choses. Ce n'est que plus tard, à l'école de cinéma, que j'ai découvert un lien entre ces choses et que je me suis senti attiré par la cinématographie. J'ai commencé à m'intéresser vraiment à la façon dont la cinématographie peut servir une histoire de la meilleure façon. J'ai également découvert les films de Stanley Kubrick - je pouvais sentir sa maîtrise derrière l'objectif.

Ce qui me donne de l'inspiration aujourd'hui, c'est un bon scénario et un grand réalisateur. Rien ne vaut un environnement créatif sûr où la collaboration est célébrée.