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Philippe Le Sourd, ASC, AFC à propos de la cinématographie de Priscilla

Texture de l’émotion : Philippe Le Sourd, ASC, AFC, s'associe à Sofia Coppola encore une fois pour réaliser le biopic intime Priscilla.

Inspiré des mémoires Elvis and Me écrites par Priscilla Presley en 1985, le long métrage Priscilla a réuni la scénariste et réalisatrice Sofia Coppola et le chef opérateur Philippe Le Sourd, ASC, AFC. The Beguiled et On the Rocks figurent parmi leurs précédentes collaborations, deux films tournés en 35 mm. Priscilla marque cependant la première incursion de Philippe Le Sourd dans l'acquisition numérique. Pour ce faire, il a travaillé en étroite collaboration avec Panavision Toronto afin de sélectionner sa caméra et ses objectifs, se tournant vers une caméra Alexa 35 associée aux optiques Super Speed et Ultra Speed de Panavision. Le chef opérateur nous livre ici son point de vue sur l'approche créative qui sous-tend le langage visuel du film.

Panavision : Comment décririez-vous l'apparence de Priscilla ?

Philippe Le Sourd, ASC, AFC : Ce film est un condensé d'émotions. L'objectif était donc d'essayer de véhiculer le ressenti de chaque personnage. Il s'agissait de prêter attention au cadrage, à la puissance des espaces négatifs et aux angles d'éclairage. À mes yeux, l'essentiel repose sur le fait que le public s'identifie profondément aux personnages. J'aime transmettre l'essence de l'émotion du film dans chaque scène et à chaque instant.

Y avait-il des références visuelles particulières dont vous vous êtes inspirés ?

Le Sourd : Lors de mon processus de recherche visant à capturer l'essence de l'époque d'Elvis et de Priscilla, j'ai pris conscience de la multitude de références disponibles, que ce soit dans des livres ou sur Internet et YouTube. Cependant, au lieu de reproduire des images existantes, souvent teintées d'un effet Kodachrome, j'ai opté pour une approche plus innovante. Plutôt que de générer une simple copie, j'ai cherché à créer une nouvelle interprétation de cette époque.

Au cours de ce processus, je suis tombé sur une photo en noir et blanc fascinante prise par Saul Leiter, représentant une femme assise sur un lit, sa silhouette entièrement masquée. J'ai su immédiatement que j'avais trouvé l'inspiration cinématographique que je cherchais, une rupture avec les visuels traditionnels représentant Elvis et Priscilla.

Outre cette photographie évocatrice, nous nous sommes particulièrement intéressés à l'univers des films qui occupent une place particulière dans mon cœur et dans mon éducation cinématographique. J'ai étudié le cinéma italien à l'université. Ma première passion a été déclenchée par le chef-d'œuvre d'Antonioni, L'Avventura. Le cadrage, la composition et la mise en scène de ce film ont profondément influencé ma vision en tant que chef opérateur. La représentation de la solitude, du néant et l'esprit d'aventure ont résonné en moi.

Notre voyage cinématographique s'est également inspiré d'un autre joyau d'Antonioni, L'Éclipse, qui nous a procuré une joie immense. Ces films ne sont pas seulement devenus des références, mais également des lumières directrices pour façonner la narration visuelle de notre projet.

Qu'est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?

Le Sourd : Panavision est une mine d'or. Lorsque vous recherchez quelque chose, vous savez que vous y trouverez aussi bien d'anciennes références que d'autres très modernes. Panavision est une valeur sûre. Les personnes, la qualité, le savoir-faire, les connaissances acquises en 70 ans. Je savais que j'avais besoin du soutien de ces maîtres-artisans.

Quelles sont les caractéristiques optiques des objectifs Ultra Speed et Super Speed qui vous ont permis de les associer à ce projet ?

Le Sourd : C’était mon premier film tourné en numérique, j’ai donc fait beaucoup de tests pour comparer les formats. Même la taille de la caméra joue sur l'atmosphère du plateau. Le matériel que vous apportez sur un plateau raconte une histoire aux acteurs et au réalisateur.

J'ai utilisé les objectifs Super Speed et Ultra Speed sur d'autres films auparavant, et c'était peut-être une décision inconsciente, mais ils se sont avérés parfaitement adaptés à cette histoire en particulier. En y réfléchissant, je crois que c'est la texture qu'ils ont apportée qui a été déterminante. Il y avait une qualité unique, une certaine profondeur qui résonnait avec l'essence émotionnelle du fil narratif, et en fin de compte, c'est cet aspect qui s'est révélé le plus important pour moi.

Le travail en numérique m'a donné la liberté de manipuler les couleurs et d'expérimenter davantage sur le plateau. En général, je privilégie une approche naturaliste dans mon travail, mais pour Priscilla, j'ai trouvé intéressant d'explorer l'idée de la couleur et de son impact émotionnel.

En quoi ce projet est-il différent des autres de votre carrière ?

Le Sourd : Chaque projet est différent, mais je pense qu'il y a une continuité dans le travail à certains égards, une continuité dans la recherche. La recherche est incessante. Chaque jour apporte quelque chose de différent et de stimulant. Par exemple, une scène comme le premier baiser de Priscilla et d'Elvis dans une voiture représentait un défi. J’avais besoin de trouver quelque chose de spécial qui reflète l’émotion de deux amants à l’intérieur d’une cage. Pour moi, tout représente toujours un défi. Je ne cesse de me poser cette question : « Était-ce original ? »

Images fournies avec la permissions d'A24

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