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La boucle est bouclée

Dans le respect de la tradition visuelle des huit premiers films, Dan Mindel, ASC, BSC, SASC, fait équipe avec Panavision pour mettre la touche finale de la saga Star Wars avec l'épisode IX : l'Ascension de Skywalker.

Le 2019 février, le réalisateur J.J. Abrams a ordonné « Coupez ! » pour la dernière fois pendant le tournage du neuvième chapitre de la longue saga de Star Wars. Star Wars: épisode IX - L'Ascension de Skywalker conclue la troisième trilogie - qui a débutée avec l'épisode VII - Le Réveil de la Force, avec une réalisation d'Abrams et une sortie en décembre 2015. Le film reprend l'histoire de Luke Skywalker (Mark Hamill), Leia Organa (Carrie Fisher) et de Han Solo (Harrison Ford) tout en présentant une nouvelle génération de héros et de méchants, dont Rey (Daisy Ridley) et Kylo Ren (Adam Driver), respectivement.

Le chef opérateur Dan Mindel, ASC, BSC, SASC se trouvait derrière la caméra aussi bien pour Le Réveil de La Force que pour L'Ascension de Skywalker. S'entretenant avec Panavision depuis sa maison de Kauai, Mindel se souvient clairement du dernier jour de l'épisode IX, qui s'est déroulé sur la scène 4 des studios Pinewood, à l'extérieur de Londres. Parmi d'autres mises en place, le travail de la journée comprenait des plans de Finn (John Boyega) ainsi que des éléments d'un flash-back impliquant Rey et ses parents (Jodie Comer et Billy Howle).

« Personne ne voulait que la journée se termine », raconte Mindel. « C'était une jounée palpitante, mais aussi une journée triste - c'était vraiment très émouvant. Travailler sur plusieurs de ces films avec la même équipe et les mêmes acteurs a permis de créer une expérience familiale très cohérente. Tout le monde était proche. »

La fin des prises de vues principales a aussi été l'occasion d'un dernier contrôle des caméras Panaflex Millennium XL2 de la production. La saga des neuf films se termine comme elle a commencé, avec un film de 35 mm passant dans une caméra Panavision équipée d'un verre anamorphique Panavision.

La production de l'original de Star Wars, sorti en 1977 et qui a ensuite reçu le titre plus long de Star Wars : Épisode IV - Un nouvel espoir, a commencé sur les salines de Nefta, en Tunisie. Le lundi 22 mars 1976, scénariste-réalisateur George Lucas a crié «Action! » pour la première fois pour Star Wars, et une caméra Panaflex a roulé à toute vitesse pour une scène à l'extérieur de la maison de Luke Skywalker sur la planète déserte Tatooine.

Le chef opérateur Gil Taylor, BSC avait été engagé pour filmer le premier Star Wars. Parmi son ensemble de caméras, il a utilisé des Panaflex n° 21, qui avaient déjà été utilisés sur des longs métrages tels que Le Lion et le Vent , French Connection II, L'homme qui voulait être roi (The Man Who Would Be King) et La Vie secrète des plantes. Les cinéastes ont couplé les caméras avec des anamorphiques de la série C.      

Après avoir été tournée en Tunisie, la production de Star Wars s'est déplacée vers les scènes des EMI Studios-Elstree à Borehamwood, en Angleterre, près de Londres. Ces locaux ont aussi accueilli des scènes de la première suite de la franchise, Épisode V - L'Empire contre-attaque, pour laquelle Lucas confie la réalisation à Irvin Kershner, le chef opérateur Peter Suschitzky - qui rejoindra plus tard les rangs de l'ASC - en étant derrière la caméra.

Suschitzky avait passé des entretiens pour le Star Wars original, il en a donc rejoint la suite en connaissant déjà les producteurs George Lucas et Gary Kurtz. « Ils tenaient beaucoup à ce que nous obtenions le meilleur résultat possible à l'écran », a indiqué le chef opérateur. Ils nous ont demandé : 'Que voulez-vous demander ? Quelles caméras voulez-vous tester ?' J'avais donc une liberté totale pour introduire le système anamorphique que je voulais. »

Le choix final de Suschitzky a fait écho à celui de Taylor, en donnant aux Épisodes IV et V une continuité avec un verre anamorphique Panavision de Série C. "« Nous avons utilisé une combinaison de caméras PSR et Panaflex-X », explique Suschitzky. « Vers la fin du tournage - pour les deux ou trois derniers mois - nous sommes passés à une Panaflex normale ». Nous avons alors utilisé la Panaflex-X comme deuxième caméra. »

La trilogie originale s'est conclue en 1983 avec la sortie de l'Épisode VI - Le Retour du Jedi, qui a vu Richard Marquand s'installer dans le fauteuil de réalisateur, avec Alan Hume, BSC au poste de chef opérateur. Après la sortie de ce film, la saga cinématographique était largement considérée comme achevée, mais cela a changé en 1997, lorsque Lucas a sorti des éditions spéciales de chaque film de la trilogie originale, avec des effets actualisés, de nouveaux plans et même de nouvelles scène

Les éditions spéciales ont servi de banc d'essai technologique pour la « trilogie préquelle », dont on parlait depuis longtemps, qui a effectué un saut dans le temps pour raconter l'histoire du père de Luke Skywalker, Anakin. L'Épisode I - La Menace fantôme a été lancé en 1999, LÉpisode II - L'Attaque des clones l'a suivi en 2002, et l'Épisode III - La Revanche des Sith a conclu la trilogie en 2005. En coulisses, les trois films ont vu Lucas reprendre sa place dans le fauteuil du réalisateur, avec David Tattersall, BSC comme chef opérateur.

Lucas espérait initialement pouvoir tourner les trois préquelles en numérique, mais le calendrier de production de La Menace fantôme est apparu juste en avance sur la courbe technologique. Le film est entré en production avec un procédé photochimique traditionnel, mais en coulisses, la course était lancée pour que le rêve de Lucas de « capture numérique » devienne réalité à temps pour L'Attaque des clones.

« Panavision a indiqué être intéressée par la fabrication des objectifs » comme l'a expliqué Lucas. « Nous sommes donc allés ensemble chez Sony et nous avons déclaré : 'Nous voulons être en mesure de filmer l'épisode II avec ce [système numérique]. Cela vous donne environ deux ans et demi. Est-ce que vous pouvez le faire à temps ? Et ils ont répondu : 'Oui, nous le ferons'. Et ils l'ont fait. »

La participation de Panavision au projet consistait notamment à adopter aux normes de Panavision le nouveau HDW-F900. 2/3" de Sony, le développement d'une nouvelle gamme d'accessoires de style cinéma pour la caméra, ainsi que la conception et la fabrication de la série d'objectifs Primo Digital, spécialement conçus pour offrir deux fois plus de pouvoir de résolution des éléments optiques au format 35 mm, afin que l'image HD 2/3" tienne sur les écrans de cinéma. « C'était une expérience gigantesque pour tout le monde, et personne ne savait si ça allait marcher », a réfléchi Lucas. « Les deux sociétés ont vraiment pris des risques. »

Le risque a été gagnant, et l'Attaque des cloness est devenue la première grande sortie en salle à avoir été capturée entièrement en numérique avec des caméras 24p HD. L'unité principale comportait deux F900s adaptés au système Panavion, et deux autres sont employés par la 2e unité. Les principaux éléments optiques de Tattersall pour le film étaient les zooms Primo Digital 6-27 mm et 9,5-105 mm.

« 24p a été le premier grand saut qui a permis à la HD de se rapprocher de l'aspect du film en capturant les images à une fréquence équivalente 1/48 d'une seconde », a déclaré Tattersall. « Le grand saut suivant a été celui des objectifs de Panavision, qui sont vraimentt meilleurs que tout ce que nous avons testé. »

Le pas audacieux de la trilogie préquelle vers l'avenir des flux de travail de l'image animée a été contrebalancé par le désir des cinéastes de préserver le style de travail de la caméra qui avait été établi par les films précédents. « Prendre la tangente avec un autre style aurait été une erreur », a déclaré Tattersall. « C'était un style très solide et sobre qui n'était absolument pas tape-à-l'œil. » George ne favorise pas les cinématographies qui attirent l'attention sur elles-mêmes, ce qui donne un style plus formel. »

Lucas a toutefois autorisé une certaine évolution stylistique au fil des films. « Dans le passé, la technologie n'était pas propice au déplacement de la caméra, car j'avais beaucoup d'effets », a-t-il déclaré après la sortie de l'Épisode II. « Maintenant, je peux déplacer la caméra beaucoup plus souvent ». Si vous regardez les films Star Wars, vous observez la progression de l'apprentissage du déplacement sur le support numérique. »

Lorsque Disney a racheté Lucasfilm en 2012, une nouvelle trilogie n'a pas tardé à voir le jour, Abrams ayant été désigné pour réaliser l'Épisode VII. Dès le départ, Abrams et ses collaborateurs ont considéré la trilogie originale comme le modèle du Réveil de la Force. « J.J. était totalement inflexible sur le fait que nous devions respecter ce qui nous a précédés », se souvient Mindel. « Nous ne devons pas essayer de l'imiter, mais au moins de lui rendre hommage. »

Cet hommage à la trilogie originale incluait un retour à l'acquisition de films. « Je pense que cela nous a donné un avantage en termes de palette visuelle, simplement à cause de la texture et de l'ambiance que l'on gagne avec les films », propose Mindel. « C'est comme ouvrir une bonne bouteille de vin ou lire un bon livre : une fois que vous avez vu la première image, vous êtes accroché. Et vous êtes accroché grâce à la texture et à l'ambiance du film, qui apporte une authenticité à l'histoire. »

Dans un autre clin d'œil à l'Épisode IV et à l'Épisod V, Mindel s'est tourné vers Panavision pour ses caméras et ses objectifs. Les caméras A et B étaient une paire de Millenium XL2 peintes en noir mat et surnommées respectivement « Faucon Millenium » et « Étoile de la Mort » ; pour ses optiques, Mindel a principalement combiné des primes anamorphiques Primo, qu'il a utilisées pour filmer Kylo Ren et ses associés, avec un nouvel ensemble de primes Retro C qu'il a utilisées pour Rey et ses cohortes.

Développés par Dan Sasaki, vice-président senior de l'ingénierie optique de Panavision, les Rétro C imitent le ton du verre vintage de la série C tout en produisant une image plus nette et plus contrastée. « Les revêtements que nous avons appliqués ont donné aux images une certaine chaleur, et l'espace entre les éléments a contribué à un roll-off différent », explique Sasaki, ajoutant que Mindel recherchait « un objectif avec un look années 1970, mais il ne voulait aucun des artefacts associés à la technologie des années 70 - des bords qui tombent en haut et en bas, par exemple. Il voulait une qualité d'objectif classique, moderne et fiable, mais avec la personnalité qu'offraient certains des anciens revêtements et la technologie des films de l'époque. »

Le réalisateur Rian Johnson et le chef opérateur Steve Yedlin, ASC ont ensuite pris le relais pour l'Épisode VIII - Les Derniers Jedi de 2017. Collaborateurs de longue date, les cinéastes ont emporté un ensemble expansif comprenant des caméras de cinéma Millennium XL2 ainsi que des optiques de série G, série C, série E, Primo et Super Speed.

Abrams et Mindel sont revenus pour clore la saga avec l'Épisode IX. « Au moment où nous sommes arrivés à ce dernier film, » indique Mindel, « les limites étaient plus ou moins levées par rapport à ce que nous avions fait et comment nous l'avions fait, mais je pense que nous sommes restés fidèles aux idéaux de réalisation utilisés au début, en raison desquels nous étions très prudents avec notre récit narratif ». Nous n'avons pas été totalement contemporains.

« Je crois que notre travail consiste à ne pas répéter sans cesse la même chose », ajoute-t-il. « Afin d'apporter de la longueur et de l'ampleur au film, nous devons continuer à nous dépasser. Nous faisons honneur à l'histoire en essayant de revitaliser notre méthodologie. Mais je n'ai jamais voulu briser le moule qui avait été établi pour nous - je voulais juste l'améliorer un peu. »

Comme il l'avait fait pour Le Réveil de la Force, le chef opérateur a de nouveau attribué des Primo anamorphiques aux méchants du film, et il a cette fois utilisé des objectifs Retro C et Retro Panatar pour les héros. Les objectifs Retro, indique Mindel, « étaient un nouveau cadre que Dan Sasaki a élaboré pour nous ». Nous avons appris un peu sur les objectifs lors de l'Épisode VII, et j'ai pu revenir vers lui et lui dire : 'Je veux un peu plus de ceci ou un peu plus de cela'. Et puis nous avons aussi utilisé les séries T, parce qu'elles sont plus petites, pour les tenir à la main et pour le Steadicam.

« L'ensemble des 35 mm est tellement facile à utiliser, ergonomique et éprouvé », ajoute Mindel. « Il nous convenait parfaitement ». En particulier face à un projet aussi complexe que l'Épisode IX, ce niveau de confort avec l'équipement a apporté une tranquillité d'esprit bienvenue, encore renforcée par le soutien de Panavision. Par exemple, Mindel note :« Lorsque nous tournions en Jordanie [pour des scènes se déroulant sur la planète désertique Pasaana], nous avions un représentant de Panavision avec nous 24/7 pour l'entretien des caméras et des objectifs. » Ce soutien était massif. »

Le fait que l'Épisode IX soit son deuxième voyage dans la galaxie lointaine, très lointaine n'a pas émoussé la conscience de Mindel que lui et ses collaborateurs avaient été chargés de poursuivre une histoire vieille de 42 ans, Star Wars à sa conclusion finale. « Parfois, vous devez vous gifler et vous dire : 'C'est réel - c'est votre vie, et vous êtes en train de la vivre' », souligne le chef opérateur. « Quelle incroyable opportunité. Je suis très fier d'avoir participé à tout cela, et encore plus à deux de ces films. »


SOURCES HISTORIQUES

Livres

  • Rinzler, J.W., The Making of The Empire Strikes Back, Random House, 2010.
  • Rinzler, J.W., The Making of Star Wars, Random House, 2007.

 

Magazines

  • “Behind the Scenes of Star Wars,” American Cinematographer, July 1977.
  • Bergery, Benjamin, “Digital Cinema, By George,” American Cinematographer, September 2001.
  • Bergery, Benjamin, “Framing the Future,” American Cinematographer, September 2001.
  • Holben, Jay, “Shooting Digital?,” American Cinematographer, September 1999.
  • Kadner, Noah, “A Visit to the Set,” American Cinematographer, February 2016.
  • Kadner, Noah, “Force Forward,” American Cinematographer, February 2018.
  • Magid, Ron, “Exploring a New Universe,” American Cinematographer, September 2002.
  • Magid, Ron, “Master of His Universe,” American Cinematographer, September 1999.
  • Marcks, Iain, “A Space Opera’s High Notes,” American Cinematographer, February 2016.
  • Samuelson, David, “The Photography of The Empire Strikes Back,” American Cinematographer, June 1980.
  • Williams, David E., “Phantom Camerawork,” American Cinematographer, September 1999.

 

Web