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Une mission personnelle

Le chef opérateur Dillon Schneider insuffle un réalisme poétique à la comédie dramatique The Crusades.

The Crusades, premier long métrage du scénariste et réalisateur Leo Milano, met en scène trois amis, élèves dans un lycée non-mixte, qui voient leur année scolaire bouleversée par l'éventualité que leur lycée fusionne avec un établissement rival, un événement qui laisserait place à de nombreux conflits. « C'est l'histoire du passage à l'âge adulte », explique le chef opérateur Dillon Schneider. « Nous avons tourné ce film comme un drame, mais en réalité, il s'agit une aventure amusante. Je dirais que c'est un mix entre Superbad et Euphoria. »

Dillon Schneider a démarré derrière la caméra en réalisant des vidéos de ski lorsqu'il était au collège. Au lycée, il prend des cours de production vidéo, puis il s'oriente vers la cinématographie, en suivant un cursus au Columbia College Chicago, où ont étudié de prestigieux directeurs de la photographie tels que Janusz Kaminski, Mauro Fiore et Michael Goi (ces deux derniers faisant partie de l'American Society of Cinematographers). Après avoir obtenu son diplôme, Schneider s'installe à Los Angeles et « commence à tourner des courts métrages et des clips musicaux et à travailler en tant qu'électricien quand je ne tournais pas », se souvient-il.

Sa collaboration avec Leo Milano et Brent Madison, l'un de leurs camarades de promotion, qui allait ensuite produire The Crusades, démarre à Columbia. « Leo tenait absolument à tourner dans sa ville natale. Nous avons donc tourné à Chicago et travaillé avec de nombreux anciens élèves de Columbia », explique Schneider. « En fait, l'école que Leo a fréquentée nous a servi de lieu de tournage. »

Lors de ses études à Columbia, Schneider a également commencé à travailler avec Panavision, effectuant un stage d'été au siège de la société à Woodland Hills. « Pour moi, travailler chez Panavision, c'était être comme un enfant qui se retrouve dans un magasin de bonbons », confie-t-il. « Les couloirs sont chargés d'histoire. C'est un lieu tellement inspirant et les possibilités de créations sont infinies. »

The Crusades est également le premier film de Schneider. Pour ce projet, il a travaillé avec David Dodson, vice-président senior des relations avec les clients et du développement commercial de Panavision, pour mettre au point un ensemble comprenant des optiques anamorphiques Série C et Série E étendues pour couvrir le capteur grand format de la caméra Venice . « Je tenais à ce que Panavision fasse partie de mon premier film et que celui-ci est l'empreinte Panavision », explique Schneider. « David a cru en moi et a fait en sorte que cela se produise. Le film n'aurait jamais eu ce rendu sans l'aide de Panavision. Je suis particulièrement reconnaissant des relations que j'entretiens avec eux et de l'implication de chacun dans ce projet. »

Lors de la phase de préproduction de The Crusades, Schneider a également élaboré un traitement visuel, un document de 73 pages comprenant des notes détaillées et des images de référence relatives au langage cinématographique, au cadrage, au choix de la caméra et de l'objectif, aux filtres, aux mouvements de la caméra et à bien d'autres choses encore. « C'est ce que l'on nous a enseigné à Columbia », explique le chef opérateur. « Cela permet de préciser certains éléments, tels que la lumière, l'ambiance et les règles de cadrage, aux producteurs, aux caméramans et à tous les départements concernés. C'est également essentiel pour le chef décorateur de comprendre comment j'appréhende les décors et les lieux de tournage et quel sera l'objet de notre collaboration. Mais surtout, cela me permet de rassembler toutes mes notes en un seul endroit. Sur le plateau, j'amène mon iPad, j'ouvre la page correspondant à la scène que nous tournons et cela me permet de me remémorer certains détails, comme " utiliser un effet diffusant pour ceci " ou " s'assurer que l'éclairage est adapté à la vitesse élevée ici ". Sur les tournages de films indépendants, tout se passe extrêmement vite. J'ai donc ma liste de contrôle pour composer chaque scène. »

En abordant avec Milano quel rendu il souhaitait pour le film, Schneider a immédiatement compris qu'ils envisageaient les choses de la même manière. « Leo et moi sommes tous deux attirés par l'hyperréalisme, ce que Vilmos Zsigmond [ASC, HSC] appelle le " réalisme poétique ", des images qui sont exacerbées et plus romantiques que la vie réelle », explique Schneider. « Nous avons opté pour un style qui dépasse la réalité, en ajoutant un effet dramatique aux situations comme le fait l'esprit d'un lycéen : des faisceaux de lumière, un voile, pour provoquer un rendu inquiétant et extrême. »

À cet égard, ajoute-t-il, « nous savions, [Milano et moi-même], que nous voulions utiliser une prise de vue anamorphique, qui permet d'obtenir des illusions d'optique qui correspondent à ce que ressentent ces lycéens. Pour eux, tout est régi par leurs émotions et prend donc une forme considérable et surréaliste ».

Les cinéastes ont utilisé comme objectifs principaux un ensemble anamorphique de Série C, complété par certaines focales de Série E. « Le look de la Série C m'a toujours attiré », explique le chef opérateur. « Elle englobe cette magie, qui est celle du cinéma classique. Et la Série E se marie parfaitement à la Série C. Nous disposions d'un objectif 180 mm de la Série E, qui était généralement le téléobjectif de la caméra B. En raison du grand format, il ressemblait davantage à un 140 ou à un 150. Nous avions également un objectif E 40 mm modifié par Dan Sasaki dont nous nous sommes servis pour le point de vue d'un personnage saoul. Il était hyper stylé et fonctionnait parfaitement pour les effets de cette scène. Seul le centre était net, et le monde autour était complètement déformé. »

Schneider évalue à 80 % la part du film qui a été tournée avec une seule caméra, deux caméras tournant simultanément le reste du temps. Son équipe de tournage était composée de James Teninty en tant que premier assistant-opérateur et de Will Christensen en tant qu'opérateur de caméra A et de Steadicam. « Avec James, nous avons réalisé de nombreux clips musicaux et publicités. Il avait réglé tout le matériel de prise de vue et dirigeait le département telle une mécanique parfaitement huilée », explique Schneider. « Will et moi sommes allés à Columbia ensemble. Il est revenu à Chicago pour ce tournage, ce qui signifie beaucoup. Quelle que soit la complexité de la situation, j'ai toujours pu compter sur son sang-froid, son calme et sa sérénité, ce qui est très appréciable dans une équipe. »

« Je suis particulièrement attentif aux mouvements de caméra », poursuit-il. « J'essaie de déplacer la caméra uniquement lorsque cela est nécessaire, et si le public s'en aperçoit, c'est que j'ai mal fait mon travail. Nous avions un Steadicam pour toute la durée du tournage, mais nous ne l'avons utilisé que lorsque cela était vraiment nécessaire. La majeure partie du film a été tourné sur chariot ou caméra au poing. »

Le Steadicam a été utilisé pour une longue scène de nuit, réalisée d'une seule traite, dans laquelle la police interrompt une fête. « Nous nous sommes inspirés de l'une des scènes de la saison1 de True Detective », se souvient Schneider. « Il y avait deux Condors dans les airs, des faisceaux de lumière traversant les arbres, 50 figurants, des enfants qui sautaient des toits, des gens qui se faisaient plaquer au sol... Donc beaucoup de choses à gérer pour que ce soit parfait. Nous avons fait huit ou neuf prises, et quand nous avons eu la bonne, Leo s'est détourné de l'écran et a dit : " C'est exactement comme ça que je l'avais imaginée ". Rien ne pouvait me faire plus plaisir que ça ! »

Les prises de vue principales se sont déroulées sur 17 jours lors de la saison estivale de Chicago. « C'était un peu une course contre la montre », reconnaît Schneider, « mais nous étions épaulé d'une excellente première assistante réalisatrice, Sarò Melero Bonnin, et Brent, notre producteur, avait tout planifié parfaitement. Chacun a vraiment mis du sien pour concrétiser notre projet. Chaque personne impliquée s'est surpassée, et ce dans le respect de tous les autres membres de l'équipe, et cela transparaît à l'écran. »

Toutes les images sont gracieusement offertes par des réalisateurs.

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