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La cheffe opératrice Autumn Durald Arkapaw, ASC à propos de la série Loki

La méchanceté n’a jamais eu l’air aussi belle : Autumn Durald Arkapaw, ASC parle de son travail nominé aux Emmy Awards sur la série Loki.

Faisant suite aux évènements d'Avengers : Endgame, la saison 1 de la série des studios Marvel Loki montre le Dieu de la malice (interprété par Tom Hiddleston) sous la garde de l'Autorité des Variations Temporelles. L'organisation entraîne Loki dans une aventure temporelle qui a permis à la cheffe opératrice Autumn Durald Arkapaw, ASC, à la réalisatrice Kate Herron et à leurs collaborateurs, de créer pour les six épisodes de la saison une esthétique riche sur le plan de la texture. Le travail de Durald Arkapaw sur la série diffusée sur Disney+ a valu à sa cheffe opératrice une nomination aux Primetime Emmy (pour l'épisode 3, « Lamentis »).

Durald Arkapaw a travaillé avec Panavision Atlanta pour assembler un ensemble caméra et objectif comprenant des optiques anamorphiques modifiées de la série T et une caméra Panavised Sony Venice. Dans cet entretien, la cheffe opératrice nous explique comment elle a abordé l'esthétique de la série, les inspirations en commun avec ses collaborateurs, et ce qui l'a poussée à se lancer derrière la caméra.

Panavision : Comment décririez-vous l'esthétique de la série ?

Autumn Durald Arkapaw, ASC : Nous voulions que les visuels de la série soient différents, qu'ils jouent un rôle. Il s'agissait d'une nouvelle plateforme pour Marvel, et d'un nouvel environnement à habiter et à explorer pour Loki. Le design devait être tout autant audacieux que le personnage. 

Je me penche sur chaque projet comme si je tournais un film, et il est pour moi important que l'éclairage soit également un personnage. Je fais toujours mon possible pour que l'image ait cet aspect texturé, nostalgique et cinématographique. J'aime les esthétiques plus vintages, et avec Loki, cet aspect était déjà intégré à l'histoire.

Y a-t-il des références visuelles particulières qui vous ont inspirées ?

Durald Arkapaw : Tant Kate Herron, la réalisatrice, que moi, apprécions tout particulièrement Zodiac, Seven, Blade Runner et Brazil. Tous ces films ont un style visuel et une atmosphère particulièrement distincts. Nous avons dès le début décidé de faire la même chose avec Loki, de faire des choix visuels importants dans chaque épisode et de transporter le public dans un voyage en compagnie de nos personnages à la recherche de réponses. Tout comme ce fut le cas de nos films de référence, nous voulions créer une tension avec le cadrage et faire jouer les personnages dans l'ombre.

Qu'est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?

Durald Arkapaw : J'ai travaillé avec Panavision tout au long de ma carrière, il n'y avait donc aucun doute sur le fait que je voulais filmer Loki avec une optique anamorphique Panavision. Kate a également apprécié le champ de vision plus étendu pour pouvoir narrer notre histoire. 

Pendant toutes ces années, Panavision a occupé une place importante dans mon processus créatif, et j'adore toutes les personnes avec lesquelles j'y ai travaillé. [Responsable marketing] Mike Carter et Dan Sasaki [vice-président principal de l’ingénierie optique et de la stratégie en matière d’objectifs] ont été formidables pour nous aider dans notre calendrier de tournage difficile et les nouveaux défis auxquels nous avons tous été confrontés dans la production en 2020.

Quelles caractéristiques optiques vous ont amené à vous tourner vers l'ensemble d'objectifs modifiés de la Série T ?

Durald Arkapaw : Je réagis de manière émotionnelle aux caractéristiques des objectifs, il est donc pour moi vital que mes choix aident à raconter l'histoire. La toute première chose que je fais pour n'importe projet est d'être obsédé par le choix des objectifs. Je pense qu'il s'agit du premier choix créatif que je fais et que le public ressentira intrinsèquement.

En travaillant avec Dan Sasaki sur les caractéristiques de notre décor, je lui ai donné comme référence les films Blade Runner et The Yards. Dan est conscient de mon profond amour pour l’anamorphique et il sait à quel point j’apprécie tous les éléments entrant dans la fabrication et la modification de ces objectifs. C'est toujours fabuleux de travailler avec lui et de le voir participer au processus créatif.

En quoi Loki est différent des autres projets de votre carrière ?

Durald Arkapaw : Ce projet a été l'une des expériences créatives les plus enrichissantes. Kate et notre producteur Kevin Wright ont accompli un travail extraordinaire en réunissant une formidable équipe de cinéastes partageant le même sens du goût et la même passion pour la narration. Bénéficier du soutien de Marvel dès le début et pouvoir collaborer sur un tel projet a été très gratifiant. Avoir la confiance des cinéastes qui vous entourent permet d'obtenir un meilleur environnement créatif et un meilleur résultat final.

Qu'est-ce qui vous a inspiré à devenir chef opérateur et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?

Durald Arkapaw : J'ai fait des études d'histoire de l'art à l'université Loyola Marymount. Après avoir assisté à un cours sur les genres cinématographiques et regardé et rédigé des exposés sur Raging Bull et Broadway Danny Rose, j'ai commencé à me renseigner sur ce qu'était un chef opérateur. J'avais déjà une expérience dans le domaine de la photographie et je faisais des courts métrages sur mes amis les week-ends. J'ai cherché qui avait tourné l'un de mes films préférés, Blow, et j'ai vu que c'était Ellen Kuras (ASC). C'est après ça que j'ai été inspirée et déterminée à apprendre ce métier. En savoir plus sur Ellen et son travail a eu un grand impact sur ma décision de faire carrière dans la cinématographie. Le fait qu'il y ait peu de femmes dans ce milieu et que j'ai une voix unique à apporter, a été pour moi, dès le départ, une grande source d'inspiration. 

Maintenant, je suis constamment inspirée par mes amis et mes collègues. C'est très valorisant quand je peux contribuer à un travail qui résonne chez les gens. J'ai récemment adoré travailler main dans la main avec le département en charge des effets visuels. J'ai adoré collaborer avec des créatifs partageant les mêmes idées, soucieux d'améliorer le travail et de résoudre les problèmes. Il n'y a rien de plus gratifiant que de raconter de grandes histoires avec de nombreuses parties en mouvement.

L'expérience de vie de chaque personne est tellement variée et complexe qu'elle joue un rôle prépondérant dans la façon dont vous filmez une histoire. Qu'il s'agisse du choix de l'objectif ou de la façon d'éclairer une scène, je pense qu'on intègre ses expériences de vie à toutes les décisions prises en tant que chef opérateur. Vos goûts personnels et votre passé finissent par être insufflés à la création.

Images reproduites avec l'aimable autorisation de Marvel Studios.