Les femmes qui ont marqué l'histoire, épisode 2
Dans cet épisode de la série d'interviews Les femmes qui ont marqué l'histoire réalisées par Panavision, la discussion porte sur les conseils clés qui ont aidé à guider les participantes dans leur parcours professionnel.
Retrouvez le reste de la série ici :
Partie 1 : L'impact du Mois de l'histoire des femmes
Partie 3 : Le mentorat
Partie 4 : Les points forts de leurs carrières
Partie 5 : Leurs inspirations
Kim Snyder (présidente et directrice générale de Panavision) : Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ? De quelle manière cela vous a-t-il aidé au long de votre parcours ?
Polly Morgan, ASC, BSC (cheffe opératrice) : À mes débuts, j'étais avide et déterminée et je voulais accomplir de nombreuses choses très rapidement. Je me souviens que Haris Zambarloukos [BSC, GSC] m'a dit un jour : « Il s'agit d'un marathon, et non d'un sprint ». Cette phrase m'a aidé à l'époque et m'aide encore aujourd'hui.
La cinématographie est l'œuvre de ma vie et, à mesure que j'évolue en tant qu'être humain, mon travail devient de plus en plus complexe et multidimensionnel. En tant que narratrice, je puise mon inspiration dans mon existence, et maintenant que je suis plus âgée et que j'ai des enfants, j'ai l'impression d'avoir beaucoup mûri et changé. Quand vous êtes jeune, tout doit être immédiat, mais maintenant que je suis plus âgée, je me rends compte qu'à mesure que je mûris, mon travail aussi.
Ces paroles m'ont encouragée dans les moments difficiles. Lorsque vous débutez en tant que cheffe opératrice, il est difficile de trouver un agent, de décrocher les bons contrats et de travailler avec les bonnes personnes. Le temps est nécessaire pour enrichir une carrière dans ce domaine, et lorsque certaines choses ont pris plus de temps que je ne l'aurais souhaité, ces mots m'ont apporté du soutien. Ce type de trajectoire professionnelle ne se fait pas du jour au lendemain, et il faut de la ténacité et du dévouement pour s'y tenir et continuer à croire que l'on finira par y arriver.
Polly Morgan, ASC, BSC (photo par Manny Duran)
Alice Brooks, ASC (cheffe opératrice) : Mon professeur en production audiovisuelle à l'USC comparait Hollywood à un mur de briques. L'objectif est de franchir le mur. Jour après jour, vous jetez des pierres contre le mur pour essayer de passer au travers. Cela prendra probablement de nombreuses années, voire des décennies. Souvent, vous aurez envie d'abandonner. Mais un jour, vous apercevrez un minuscule orifice au travers duquel vous pourrez voir de l'autre côté. Quelle que soit sa grandeur, c'est à ce moment-là qu'il faut encore plus s'accrocher et être plus déterminée que jamais. Lancez encore plus de pierres, encore plus fort, parce que vous êtes plus proche de l'objectif que vous ne le pensez.
Chaque fois que j'ai l'impression qu'une tâche est trop difficile ou que je n'arrive plus à continuer, je me remémore cette leçon. Cela me permet d'aller de l'avant.
Victoria Emslie (actrice ; fondatrice et PDG de Primetime Network) : Ayant toujours eu un état d'esprit et une approche plutôt uniques de ma profession, je me sens profondément concernée par la question « non pas si, mais quand ». Il n'y a pas d'urgence, malgré l'âgisme qui règne au sein de notre industrie. Je sais que si j'ai travaillé auparavant, je travaillerai encore. Cette conviction m'a permis de surmonter de nombreuses tempêtes. Et puis, le fait d'avoir l'esprit occupé par d'autres projets importants dans ce domaine m'a permis de rester connectée et de contribuer de diverses manières au développement d'un secteur dont je suis fière et dont je me réjouis de faire partie.
Victoria Emslie (photo par Matt Hass)
Kira Kelly, ASC (cheffe opératrice) : Deux citations que je considère comme les deux faces d'une même pièce me viennent à l'esprit : « La vie est une course que l'on mène contre soi-même » et « Se comparer anéantit la joie ». Dans notre industrie, il est très facile, en particulier avec les réseaux sociaux, de tout le temps se pencher sur la carrière des autres afin de se mesurer à eux. Cela peut vraiment nuire à l'estime de soi et empêcher de voir votre propre progression. J'essaie de me concentrer sur mon parcours et de constater à quel point j'ai mûri en tant qu'artiste au cours de l'année écoulée et au cours des 5 dernières années. J'analyse ensuite les domaines dans lesquels j'ai stagné et j'essaie de provoquer un changement. C'est loin d'être facile, et je me retrouve souvent en mode comparaison, mais j'essaie toujours de revenir en douceur sur ma propre voie.
Amy Vincent, ASC (cheffe opératrice) : En tant que cheffe opératrice : lorsque Bob Richardson, ASC, m'a fait prendre mon envol, il m'a dit : « Si ton éclairage devient trop compliqué, tu bousilleras tout ! ». En tant qu'être humain : accueille tout les bras ouverts !
Laura Merians Gonçalves (cheffe opératrice) : Il y a longtemps, Ellen Kuras, ASC, m'a confié que nous pratiquions un jeu de longue haleine. Il faut donc persévérer. Et elle a ajouté de toujours porter une robe les jours de flottement.
Sandy Ferguson (responsable des ressources humaines de Panavision) : J'ai reçu d'excellents conseils de la part de dirigeants et je les ai transmis au fil des ans. Je pense notamment à « connaître son public », « tout le monde a un confident », « donner l'exemple », « agir avec transparence », « la perception est la réalité » et « toujours être prêt ». Dans ma position, ces principes m'ont aidé au fil des ans, car il est important de rester objectif et d'être capable d'envisager les choses selon plusieurs points de vue.
Sandy Ferguson
Mandy Walker, AM, ASC, ACS (cheffe opératrice) : Le meilleur conseil que j'ai reçu est de suivre sa passion et de ne pas se décourager si quelqu'un manifeste une quelconque inquiétude ou n'est pas habitué à ce qu'une femme soit directrice de la photographie. Il est également important d'être respectueux et bienveillant envers les autres membres de l'équipe, et d'être conscient que les plus belles expériences sont le fruit d'une collaboration fructueuse entre tous les services.
Terra Bliss (directrice générale de Panavision Royaume-Uni et Irlande) : Voici quelques conseils qui me viennent à l'esprit : ne jamais prendre de décision importante avant d'avoir pris quelques jours de repos. Un esprit clair vous oriente généralement dans la bonne direction. N'ayez pas peur de faire des erreurs, il y a toujours une leçon qui en découle. Il vaut mieux être juste que d'avoir raison. Lorsque quelqu'un dit que quelque chose n'est pas réalisable, ne l'écoutez pas. Et demandez de l'aide. On n'y arrive pas toujours seul !
Patti Lee, ASC (cheffe opératrice) : « Être à l'écoute ». Lorsque j'ai commencé à travailler en tant qu'éclairagiste de plateau, j'ai appris à anticiper les besoins en prêtant attention et en écoutant le réalisateur et le chef opérateur parler. Sur les tournages de documentaires, il n'y a pas de scénario, et l'écoute renseigne sur la prise de vue. L'écoute se fait autant avec le regard qu'avec l'ouïe, car le langage corporel se lit aussi. Cela a fait de moi une personne plus empathique et me permet aussi de vivre le moment présent. Je m'efforce d'appliquer ce conseil tous les jours sur le plateau et en dehors, mais je n'y parviens pas toujours.
Patti Lee, ASC (photo par Bill Inoshita)
Michele Channer (directrice du développement commercial de Panalux ; directrice générale de Direct Digital et Island Studios) : Ce n'est pas évident de donner un seul conseil spécifique, car j'ai reçu de nombreux conseils avisés au fil des ans. Avec le recul, je suis reconnaissante envers mon père de m'avoir poussée à aller de l'avant en douceur à maintes reprises et de m'avoir permis de me faire entendre. Mon avis comptait. Ma voix était entendue et il m'encourageait à l'utiliser. Ses conseils m'ont sans aucun doute donné la confiance nécessaire pour me mettre en avant.
Un autre bon conseil : le changement est un processus inévitable. Restez attentif et curieux. L'écoute est une compétence sous-estimée, et ce n'est pas toujours la personne qui parle le plus fort dans la pièce qui a la chose la plus importante à dire.
Mon propre conseil : appréciez ce que vous faites. Faites le tri entre ceux qui donnent et ceux qui prennent, car le travail et la vie sont suffisamment difficiles pour ne pas avoir à porter les autres. Le plus important est de rester fidèle à soi-même et à ses propres valeurs. Pour diriger, il faut avoir les épaules larges. Nous ne prenons pas toujours les bonnes décisions, mais nous sommes prêts à les assumer. Rien que pour cela, je suis fière.
Chris Wairegi (cheffe opératrice et caméraman, fondatrice de 600 Black Women) : Ne mentez jamais sur vos capacités. Un jour, quelqu'un m'a dit qu'il valait mieux se vendre en-deçà de ses capacités pour ensuite se surpasser, et c'est ce que j'essaie de faire. J'essaie de ne pas trop divulguer mes intentions et de me concentrer sur les actions à réaliser. On m'a appris à gagner la confiance des personnes avec lesquelles je travaille, et cette confiance est essentielle pour accomplir n'importe quelle tâche.
Mara Morner-Ritt (directrice juridique et responsable de la conformité, Panavision) : Si vous pensez comprendre le problème et la solution, assurez-vous de pouvoir les expliquer à n'importe qui. Si vous ne le pouvez pas, c'est que vous ne les comprenez pas. Cela m'a aidé à résoudre des problèmes en m'assurant que je les décomposais minutieusement et que je n'omettais rien en m'appuyant sur du jargon ou des hypothèses. Cela m'aide également à communiquer la solution à mon entourage de manière efficace.
Mara Morner-Ritt
Johanna Gravelle (directrice générale, Panavision Canada) : Une femme avisée m'a un jour conseillé de toujours penser au « pire scénario » d'une situation donnée et, si cela vous convient, d'aller de l'avant. Si vous ne pouvez pas accepter ce scénario le plus défavorable, changez de cap. J'ai travaillé selon ce principe tout au long de ma carrière, au grand dépit de certains qui prétendent que je réfléchis trop, et je pense que cela m'a aidé à faire face à de nombreuses situations difficiles. Parfois, vous n'avez aucun contrôle sur le pire des scénarios, mais en y réfléchissant et en anticipant ce dénouement, vous y êtes au moins préparé.
J'aime également beaucoup la citation « Ce qui ne tue pas rend plus fort ». Un responsable a prononcé cette phrase lorsque j'occupais mon premier poste de direction et, bien que ce ne soit pas agréable à entendre sur le moment, c'est tellement vrai J'ai été en mesure de tirer des enseignements de certaines des expériences les plus difficiles que j'ai vécues auxquels sinon je n'aurais jamais été confrontée.
Quyen Tran, ASC (cheffe opératrice) : Un jour, mon mentor m'a dit : « L'histoire avant tout. Il faut toujours se concentrer sur l'histoire. Est-elle intéressante ? Est-ce qu'elle résonne en vous ? Si c'est le cas, c'est le projet qui vous convient ». Depuis que j'ai reçu ce conseil avisé, je me suis toujours fixée comme ligne de conduite de donner la priorité à l'histoire. Cela m'a aidé à construire ma carrière en choisissant des projets qui me touchent d'une manière ou d'une autre et en prenant des décisions créatives basées sur l'histoire. Un projet peut avoir un budget parfaitement ficelé ou d'excellents acteurs ou producteurs, mais si l'histoire ne me parle pas, il m'est difficile de dire oui. L'inverse est également vrai, et je suis fière de dire que certains de mes projets les plus porteurs de sens ont été ceux dotés de petits budgets, mais dont l'histoire était puissante.
Lesley Kantor (directrice marketing, Panavision) : La prise de décision, quel que soit le métier, est toujours une tâche difficile. J'aime beaucoup le conseil que j'ai reçu à ce sujet : penser à la pire chose qui puisse résulter de la décision à laquelle on est confronté, et si l'on peut faire avec, alors on s'en sortira. Cela permet parfois de ne pas avoir l'impression de porter tout le poids du monde. Et de remettre la prise de décision en perspective en avançant étape par étape avec plus de confiance.
En tant que mère, je constate parfois que les conseils que je donne à mes enfants sont les mêmes que ceux que je devrais appliquer : personne n'est parfait. Les erreurs sont essentielles et vous apportent la clairvoyance. Elles vous rappellent que vous êtes un être humain et non un robot. Et un robot, ce n'est pas drôle !
Laura Borowsky (vice-présidente, développement commercial, Light Iron) : Ne prenez jamais les critiques personnellement et tirez-en le meilleur parti. On entend souvent le lieu commun de « critique constructive ». Ces deux mots peuvent être utiles lorsqu'ils sont donnés ou reçus. Ils peuvent nous aider à nous améliorer et à vaincre nos peurs dans l'environnement professionnel.
Autumn Durald Arkapaw, ASC (cheffe opératrice) : « Croyez en vous plus que quiconque ». Si vous avez confiance en vous et en vos idées, vous pouvez atteindre vos objectifs. Ma mère m'a toujours appris que je pouvais tout accomplir en travaillant dur et en y croyant.
Autumn Durald Arkapaw, ASC (photo par Parisa Taghizadeh)