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Les femmes qui ont marqué l'histoire, épisode 3

Les différents participants à la série d'entretiens réalisée par Panavision réfléchissent à l'importance du mentorat.

La série d'entretiens consacrée aux femmes qui ont écrit l'histoire se poursuit, avec Kim Snyder, présidente et directrice générale de Panavision, qui a choisi pour thème de discussion le mentorat. Ici, les participantes partagent les idées qu'elles ont glanées auprès de leurs mentors mais aussi de leurs pupilles.

Retrouvez le reste de la série ici :
Partie 1 : L'impact du Mois de l'Histoire des femmes

Partie 2 : Des conseils de carrière précieux
Partie 4 : Les points forts de leurs carrières

Partie 5 : Leurs inspirations

Kim Snyder (PDG de Panavision) : Quel rôle le mentorat a-t-il joué dans votre parcours ?

Laura Merians Gonçalves (cheffe opératrice) : J'ai eu énormément de mentors, qui ont tous été des enseignants de grande valeur à différents égards. Il est essentiel de pouvoir compter sur des personnes à qui l'on peut demander n'importe quoi. Je les considère comme mes conseillers Jedi.

La cinématographie est un métier, il est donc primordial que les compétences soient transmises. Je crois profondément au mentorat. J'ai été mentor pour la section locale 600 et j'encadre également de nombreux jeunes hommes et femmes. Je m'assure d'avoir une stagiaire, non seulement dans le département caméra, mais aussi à la prise et à l'électricité, où les femmes sont encore peu représentées. N'ayant pas fait d'école de cinéma, je suis convaincue que c'est grâce au mentorat que l'on peut réussir dans ce milieu.

Laura Merians GonçalvesLaura Merians Gonçalves

​​​​​​​Patti Lee, ASC (cheffe opératrice) : Je suis très reconnaissante du soutien que j'ai reçu tout au long de ma carrière. Un chef opérateur pour lequel je travaillais, Victor Nelli Jr, qui est aujourd'hui réalisateur, a vraiment fait une énorme différence dans ma vie. Il m'a beaucoup appris sur les productions télévisés, non seulement sur la manière de jongler entre la préparation, le tournage et la postproduction, mais aussi et surtout sur la manière de naviguer politiquement sur un plateau.

Je suis heureuse de pouvoir désormais en faire autant pour d'autres. Je copréside le programme de mentorat Vision de l'ASC depuis sa création il y a 4 ans et demi et j'ai accompagné des participants pendant toute la durée du projet. C'est formidable d'avoir un retour de leur part, surtout lorsque certains conseils fonctionnent !

Terra Bliss (directrice générale, Panavision Royaume-Uni et Irlande) : Je n'ai jamais participé à proprement parler à un programme de mentorat, mais de nombreuses personnes m'ont inspirée et m'ont guidée tout au long de mon parcours. Lorsque j'étais à New York, j'ai vraiment vu à quel point les équipes de production, de tournage et de postproduction étaient attentives les unes aux autres, s'aidant à faire des recommandations, se demandant des conseils et se soutenant mutuellement. Je me suis toujours souvenue de cette expérience comme la preuve que l'on peut entraîner les autres dans son sillage à mesure que l'on va de l'avant.

Autumn Durald Arkapaw, ASC (cheffe opératrice) : J'ai eu la chance de rencontrer des cinéastes qui m'ont encouragée et épaulée tout au long de ma carrière. Ils m'ont donné ma chance alors qu'ils auraient pu engager quelqu'un de plus expérimenté. Ils ont vu ma motivation et ma détermination et m'ont aidé à progresser. Je me suis aperçue très tôt qu'il fallait avoir confiance en ses idées, et c'est une leçon importante que j'ai apprise de mes mentors.

J'ai eu la chance de travailler avec la photographe et réalisatrice Melodie McDaniel au début de ma vie professionnelle. Sa démarche photographique m'a beaucoup inspirée. Le fait de pouvoir être à ses côtés, de la regarder diriger un plateau de tournage et capturer ses images m'a incitée à croire en mes propres capacités. Elle a défendu mon travail auprès d'autres personnes et m'a finalement donné ma première grande opportunité de faire de la publicité.

Quyen Tran, ASC (cheffe opératrice) : Le mentorat joue un rôle important dans mon parcours de cheffe opératrice. Je peux non seulement compter sur mes propres mentors, mais j'accompagne aussi des personnes dans le cadre du programme Academy Gold et de celui de l'ASC. Le mentorat est un processus réciproque : même si je suis là pour apporter mon expérience et mes connaissances aux jeunes cinéastes, j'apprends énormément en discutant avec eux. En d'autres termes, il est bon de mettre en pratique ce que l'on prêche, et le mentorat est un excellent moyen de se le rappeler.

Quyen Tran, ASC

Quyen Tran, ASC (photo : Chris Willard)

Sandy Ferguson (directrice des ressources humaines, Panavision) : Le mentorat a joué un rôle important dans ma carrière. Je pense qu'il s'agit d'un facteur clé de la réussite en tant que dirigeant. Il faut être capable de se remettre en question et de s'ouvrir à des critiques constructives quant à la manière dont on peut s'améliorer. Non seulement j'ai travaillé pour des leaders qui m'ont servi de mentors, mais je pense que tous les collaborateurs, à des degrés divers, peuvent jouer un rôle de mentor. Les relations humaines offrent constamment des possibilités d'apprentissage, tant positives que négatives, et elles m'ont aidée à façonner et à définir mon propre style professionnel.

Michele Channer (directrice du développement économique, Panalux ; directrice générale, Direct Digital et Island Studios) : Le mentorat est fondamental. Malgré une carrière bien remplie, je suis consciente qu'il y a toujours plus à apprendre et j'espère ne jamais commettre l'erreur de croire que je possède toutes les réponses !

J'ai eu la chance de travailler avec quelques personnes que j'admire vraiment et que j'appelle encore aujourd'hui pour leur demander des conseils ou pour savoir ce qu'elles pensent d'une idée. Les dirigeants ne sont pas toujours les meilleurs mentors. J'ai collaboré avec des gens incroyables dont j'admire les valeurs et l'éthique de travail et que j'essaie d'imiter.

Amy Vincent, ASC (cheffe opératrice) : John Lindley, membre de l'ASC, a été mon premier véritable mentor. Je n'étais pas certaine de vouloir travailler comme cheffe opératrice, mais je savais que je voulais devenir un être humain intelligent, généreux, honnête et gentil, comme lui. Il m'a appris tellement de choses que je ne saurais les décrire. Je lui en serai à jamais reconnaissante et cela m'incite à lui rendre la pareille en guidant moi-même d'autres personnes.

Le mentorat fait partie intégrante de mon univers, tant sur les plateaux de tournage qu'en classe. Un de mes films, A Nice Indian Boy, sera projeté en avant-première à SXSW, et ma formidable protégée depuis 12 ans, la cheffe opératrice Veronica Bouza, y présentera la veille son premier long métrage, The Gutter, également en avant-première. La boucle est bouclée !

Kira Kelly, ASC (cheffe opératrice) : Les mentors sont extrêmement importants. J'ai eu la chance de rencontrer à mes débuts d'incroyables mentors qui continuent de m'apporter une aide inestimable aujourd'hui. Être un mentor est un privilège. J'éprouve beaucoup de plaisir à découvrir les merveilleuses réalisations des personnes que j'accompagne.

Kira Kelly, ASC

Kira Kelly, ASC (photo de David Lee, reproduite avec l'aimable autorisation de Netflix)

Johanna Gravelle (directrice générale, Panavision Canada) : J'ai bénéficié du soutien de mentors, officiels ou non, pendant la majeure partie de ma carrière, et je n'en serais pas là aujourd'hui sans leurs conseils et leur appui. J'ai également la chance de pouvoir compter sur des personnes ressources dans ma vie personnelle, qui me fournissent des outils et des avis précieux pour concilier vie professionnelle et vie privée.

Les liens de mentorat sont incroyablement importants, quel que soit le stade où l'on se situe dans sa carrière. Je me trouve désormais dans une situation où je peux rendre la pareille, et j'ai récemment participé au programme de mentorat des femmes du cinéma et de la télévision. Je conseille également, de manière informelle, une jeune femme en début de carrière, et je trouve très gratifiant de pouvoir partager avec elle certaines des choses que mes mentors ont partagées avec moi. 

Victoria Emslie (actrice ; fondatrice et PDG de Primetime Network) : Le mentorat est l'un de ces rares phares qui nous guident en mer et qui peuvent nous offrir un refuge sûr et des moments de répit. Je suis convaincue que l'on peut rencontrer son mentor à tout moment et que chacun, quel que soit son âge, a beaucoup à gagner à trouver une oreille attentive et quelqu'un qui a déjà traversé les mêmes épreuves avant lui.

Grâce à Primetime, je me suis glissée dans le rôle de mentor pour les membres de ma communauté, ce qui a été incroyablement gratifiant. Je suis impatiente de trouver ma propre lumière en chemin et de promouvoir le mentorat collectif, qui devient de plus en plus courant dans notre réseau interconnecté de défense des droits des femmes.

Alice Brooks, ASC (cheffe opératrice) : Pour moi, le mentorat et l'amitié, c'est vraiment du pareil au même. Au fil des ans, j'ai souvent essayé de provoquer une relation de mentorat, mais comme une grande amitié, c'est quelque chose que l'on ne peut planifier ou tenter de contrôler. Le mentorat a sa propre vie et c'est vraiment magnifique. 

Mon mentor est Woody Omens, ASC. Il était mon professeur à l'USC. Son parrainage ne fut pas instantané, mais il s'est développé lentement pendant de nombreuses années. Nous avons aujourd'hui l'une des plus belles relations de ma vie, pour laquelle je serai toujours reconnaissante.

Lesley Kantor (directrice du marketing, Panavision) : Le mentorat a été une immense ressource pour moi au fil de mon parcours. Chaque fois que j'ai décidé d'opérer un changement de cap, de me lancer dans quelque chose de complètement nouveau ou de prêter une oreille un peu trop attentive à la peur plutôt que de me concentrer sur le positif, j'ai su m'appuyer sur des guides de confiance qui m'ont aidée à prendre de la hauteur et à envisager la situation dans sa globalité.

Les mentors ne sont pas toujours officiels. Parfois, une personne entre dans votre vie à un moment précis en vous donnant le conseil dont vous avez le plus besoin, et dans d'autres cas, elle vous suit d'une étape à l'autre. Il vous suffit de faire preuve d'ouverture d'esprit, d'humilité et de vous montrer patient avec vous-même pour que les expériences de mentorat vous apportent le meilleur soutien possible.

Lesley Kantor

Lesley Kantor

Chris Wairegi (cheffe opératrice et caméraman ; fondatrice de 600 Black Women) : J'ai eu des mentors dès le lycée. Ils m'ont été d'une aide inestimable sur le plan personnel et professionnel. Sans un ou deux d'entre eux, je n'aurais peut-être pas eu l'audace de poursuivre mon rêve.

Mon premier mentor a été mon professeur de photographie au lycée, M. Robert Coyne. M. Coyne était de ces personnes sages et directes dont tout adolescent aimerait recevoir les conseils. Dans sa classe, j'ai appris la photographie 35 mm et le développement en chambre noire ; j'étais accro. J'ai eu un professeur de cinéma et de télévision, M. Jones, qui m'a laissé réaliser toutes sortes de courts métrages pour l'école et qui ne m'a jamais chassée de la salle de montage, même si cela impliquait qu'il reste tard après les cours pour me laisser la porte ouverte.

À l'université, mes professeurs Rachel Jerome Ferraro et Doug Manchee ont été mes plus grands défenseurs. Ils ont dû plaider pour que j'obtienne le diplôme de photographie et de cinéma que je souhaitais, car personne n'avait jamais réalisé ce double cursus auparavant au sein de l'établissement. Que ce soit avant, pendant ou après les cours, ils étaient des voix sur lesquelles on pouvait compter, à la fois raisonnables et perspicaces. Ils ont tous deux vécu et travaillé dans le domaine des arts pendant tant d'années ; leur engagement envers leur métier et leur détermination à faire tomber les murs et à ouvrir des portes m'ont poussé à agir de la sorte.

Professionnellement, j'admire les cheffes opératrices comme Kate Phelan, Selene Preston et Gretchen Warthen, SOC, qui ont toujours répondu à mes questions, se sont souvenues de moi lorsqu'elles recrutaient et continuent d'être des sources de soutien et d'inspiration. Sans elles, je n'aurais peut-être pas franchi toutes les étapes qui m'ont permis d'arriver là où je suis. Grâce à ces femmes, j'ai voyagé dans le monde entier, j'ai adhéré à un syndicat, j'ai amélioré mes compétences opérationnelles et mes techniques d'éclairage, et je suis devenue une dirigeante plus affirmée sur les plateaux de tournage.

Sans les mentors qui ont accompagné ma progression, je n'en serais pas là. Tout le monde ne croit pas que l'on puisse vivre son rêve, mais chacune de ces personnes m'a montré que c'était possible.

Mandy Walker, AM, ASC, ACS (cheffe opératrice) : En Australie, j'ai eu la chance de pouvoir compter sur de généreux mentors tels que Ray Argall, John Seale [AM, ACS, ASC], Russel Boyd [AO, ACS, ASC], Dean Semler [AM, ACS, ASC] et Peter James [ACS, ASC]. Ils étaient toujours heureux de transmettre leurs connaissances et de dispenser leurs conseils.

Mandy Walker, AM, ASC, ACS

Mandy Walker, AM, ASC, ACS (photo de James Fisher)

Mara Morner-Ritt (directrice juridique et responsable de la conformité, Panavision) : J'aurais aimé avoir plus de mentors au début de ma carrière. J'ai appris beaucoup auprès de nombreux avocats - ce qu'il faut faire ou ne pas faire ! - mais je n'en considère que très peu comme des mentors.

Polly Morgan, ASC, BSC (cheffe opératrice) : Dès le début de ma carrière en tant qu'assistante de production, puis assistante cadreuse, j'ai été déterminée à devenir cheffe opératrice. Je posais donc toujours des questions et les personnes avec lesquelles je travaillais savaient que je voulais apprendre. J'ai donc eu la chance de bénéficier de l'aide de chefs opérateurs incroyables qui m'ont prodigué des conseils et m'ont accompagnée tout au long de mon parcours.

Je ne pense pas que j'en serais là aujourd'hui sans le soutien d'une poignée de chefs opérateurs généreux qui ont consacré du temps de l'énergie à me guider et à me faire profiter de leurs connaissances. Haris Zambarloukos, BSC, m'a encouragé à postuler à l'AFI, l'école qu'il avait fréquentée. J'ai travaillé avec Wally Pfister, ASC, sur Inception, et il m'a beaucoup appris sur la manière de communiquer avec les réalisateurs et de travailler avec l'équipe. Michael Goi, ASC, a été un mentor extraordinaire au fil des ans, rédigeant une lettre de recommandation pour ma bourse Fulbright afin que je puisse payer l'AFI et m'employant pour réaliser des prises de vue supplémentaires pour lui sur American Horror Story. Il m'a également proposé de devenir membre de l'ASC.

Je pense que le mentorat est un aspect extrêmement important du métier de chef opérateur, et je suis ravie de pouvoir suivre les traces de mes prédécesseurs et d'accompagner aujourd'hui de jeunes directeurs de la photographie.

Laura Borowsky (vice-présidente, développement commercial, Light Iron) : Tant de personnes ont cru en moi tout au long de mon parcours professionnel et m'ont poussée à sortir de ma zone de confort et à prendre des risques. On peut trouver des mentors partout sur son lieu de travail, et ce qui est merveilleux, c'est que parfois ces personnes ne sont pas celles que l'on croit, et c'est cette interaction inattendue qui permet d'élever sa réflexion et ses actions à un niveau supérieur.

Laura Borowsky

Laura Borowsky