Les femmes qui ont marqué l'histoire, épisode 4
L'épisode 4 de la série d'entretiens de Panavision Les Femmes qui ont marqué l'histoire se penche sur les faits saillants qui marquent une carrière. Rythmé par les questions posées par Kim Snyder, PDG de Panavision, cet épisode amène les participantes à se pencher sur ce qu'elles considèrent comme des moments charnières de leur parcours professionnel.
Retrouvez le reste de la série ici :
Partie 1 : L'impact du Mois de l'Histoire des femmes
Partie 2 : De précieux conseils en matière de carrière
Partie 3 : Le mentorat
Partie 5 : Leurs inspirations
Kim Snyder (PDG de Panavision) : Quels sont les faits marquants de votre carrière dont vous êtes particulièrement fière ? Qu'est-ce qui a rendu ces moments si particuliers pour vous ?
Autumn Durald Arkapaw, ASC (cheffe opératrice) : Je suis très fière du travail que mon équipe et moi-même avons accompli ces dernières années, un travail qui a été remarqué et apprécié par mes pairs et qui m'a donné l'occasion de rejoindre l'ASC. J'ai été honorée d'en devenir membre, et lorsqu'il m'a été demandé de figurer sur la couverture, ce fut un moment décisif. Cela restera un temps fort de mon parcours, car à mes débuts, je ne connaissais pas beaucoup de femmes cheffes opératrices. Elles existaient, mais n'étaient pas facilement accessibles aux personnes qui ne faisaient pas partie de l'industrie. C'est un honneur de représenter notre métier et, je l'espère, d'encourager davantage de femmes, en particulier des femmes de couleur, à s'intéresser à cette activité ou, à tout le moins, à prendre conscience que parmi les chefs opérateurs, il y a des femmes. À mes yeux, c'est plus important que tout ce qui figure sur mon CV.
Autumn Durald Arkapaw, ASC
Alice Brooks, ASC (cheffe opératrice) : Au cours de ma carrière, les moments que j'ai préféré sont ceux où un groupe de personnes arrive à se réunir de manière miraculeuse et travaille plus dur qu'elles ne peuvent l'imaginer pour raconter la même version d'une histoire. Certains de ces temps forts remontent à l'époque où j'étudiais le cinéma et où tout était possible. D'autres datent de l'époque à laquelle je travaillais sur The LXD, une des premières séries web diffusée par Hulu, où nous avions une totale liberté créative en tant que réalisateurs et où j'ai pris d'énormes risques. D'autres encore se sont passés lors de mes deux premiers films de studio, D'où l'on vient et tick, tick... BOOM! , où j'avais l'impression d'être chez moi lorsque je me rendais au travail. Enfin, il y a eu de nombreux temps forts durant l'aventure que je viens de vivre au cours des trois dernières années en travaillant sur Wicked.
Victoria Emslie (actrice, foundatrice et PDG de Primetime Network) : Downton Abbey est une véritable institution et c'est l'une des séries qui nous a réunis, ma famille et moi, notamment en regardant l'épisode de Noël. Chaque année, nous nous asseyions devant la série et chaque année, je disais : « L'année prochaine, c'est la bonne ». Il s'est avéré qu'un jour, la bonne année est arrivée et je me suis retrouvée immergée dans ce monde dont j'avais rêvé et qui me trottait dans la tête. Ce fut un formidable tremplin pour les projets suivants. Cela m'a permis d'être persuadée que je pouvais évoluer dans cet univers avec puissance et élégance, ainsi que d'avoir un premier aperçu de ce qu'était une famille de production soudée. Et une fois que vous avez goûté à cela, il est très difficile de revenir en arrière.
Johanna Gravelle (directrice générale, Panavision Canada) : En 2008, alors que je travaillais chez Kodak, j'ai eu l'occasion de m'installer en famille à Melbourne, en Australie, pour une mission de deux ans. J'étais directrice régionale du marketing pour la région Asie-Pacifique et mes collaborateurs était situés en Inde, au Japon, à Singapour, aux Philippines, en Corée du Sud, à Taïwan, en Chine, en Thaïlande, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Passer d'un poste à l'échelle nationale à un poste d'envergure mondiale dans cette région du monde et pouvoir vivre cette aventure avec toute ma famille était un rêve devenu réalité. La confiance et le soutien accordés par l'entreprise et par ma famille m'ont donné la force de sortir de ma zone de confort et de relever ce nouveau défi. Cette expérience a été marquante pour l'ensemble de ma famille et continue de m'influencer, ainsi que d'influencer ma famille, au quotidien.
Polly Morgan, ASC, BSC (cheffe opératrice) : Je pense que le fait le plus saillant de ma carrière a été d'être invitée à rejoindre la BSC et l'ASC. Ces sociétés sont synonymes de réussite et de respect de la part des pairs, et lorsqu'on m'a demandé d'y adhérer, cela m'a beaucoup confortée dans mon travail. Être acceptée dans ces sociétés aux côtés de tant de personnes que j'admire a été une étape fabuleuse dans ma carrière.
Je parlais très souvent à mon père de ces initiales et je lui disais qu'un jour je les porterais aussi après mon nom. Il a été très fier de me voir obtenir le droit d'accoler la distinction BSC à mon nom, et même s'il est décédé avant qu'il en soit de même pour l'ASC, il savait que cela était imminent. Avoir eu la possibilité de lui montrer que j'avais réussi dans la carrière pour laquelle il m'a vu me battre toute ma vie d'adulte comptait énormément pour moi.
Polly Morgan, ASC, BSC (photo par Sean Devine)
Amy Vincent, ASC (cheffe opératrice) : En 2023, j'ai accepté un poste d'artiste en résidence à la LMU SFTV pendant les sept mois d'arrêt de travail. Un timing parfait, qui s'est traduit par un semestre véritablement enrichissant. C'était tellement agréable de découvrir à quel point j'aime à la fois transmettre et exercer mon métier de cheffe opératrice.
Hustle & Flow a remporté le prix du public et le prix de la cinématographie au festival de Sundance 2005, et voir les gens descendre Main Street à Park City en chantant « It's Hard out Here for a Pimp » était une merveilleuse manière de célébrer avec toute l'équipe le plaisir de la créativité et de la collaboration !
Le Secret du bayou a été inscrit au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès en 2018, et Criterion a diffusé une version 4K remasterisée à partir du négatif original en 2023. Le secret du bayou a été mon tout premier film en tant que cheffe opératrice, et le fait de pouvoir le projeter en 4K est une grande joie !
Lesley Kantor (directrice du marketing, Panavision) : En 2007, j'ai eu la possibilité de faire évoluer ma carrière de la représentation de talents vers le marketing de marque. Ma nouvelle responsable savait que je n'avais aucune expérience dans ce domaine, mais elle croyait en ma capacité à apprendre rapidement, à poser de bonnes questions, à communiquer efficacement et à m'investir dans mon travail. Autant d'atouts dont je savais être capable. Ce fut un moment très spécial pour moi, car il a non seulement marqué le début de la possibilité d'élargir mon horizon professionnel d'innombrables façons, mais c'est également à cette occasion que j'ai commencé à véritablement apprendre à m'écouter et à faire confiance à mon instinct.
Quyen Tran, ASC (cheffe opératrice) : Je n'oublierai jamais l'instant où j'ai appris que Palm Springs était le film le plus vendu au festival de Sundance. On était en 2020. Peu de temps après, la pandémie a frappé et subitement cette reconnaissance ne m'a plus semblé aussi importante par rapport à tout ce que j'avais dans ma vie !
Plus sérieusement, même s'il est agréable d'être nommé pour différents prix, ce qui me rend la plus fière du travail que j'accomplis, c'est lorsque des personnes me disent qu'un film ou une série a eu un impact sur leur vie d'une manière ou d'une autre. À la suite de la diffusion des séries Unbelievable et Maid, j'ai reçu de nombreux messages me relatant comment elles avaient aidé certaines personnes à s'ouvrir à leurs propres expériences. Je manque de mots pour exprimer à quel point cela est unique en tant que cinéaste. Souvent, nous plaisantons sur le fait que nous ne sommes pas des médecins qui sauvent des vies, mais savoir qu'en tant que narrateurs nous sommes capables d'aider quelqu'un à traverser une période difficile de sa vie est incroyablement gratifiant.
Terra Bliss (directrice générale, Panavision Royaume-Uni et Irlande) : Dans mon emploi précédent, j'ai été promue vice-présidente des opérations. Le salaire était plus élevé et les responsabilités plus vastes, mais je n'y avais pas beaucoup réfléchi jusqu'à ce que je reçoive l'appel d'une collègue. Elle m'a dit que j'étais l'une des trois femmes de l'entreprise au niveau mondial à obtenir le titre de vice-présidente. Elle-même en faisait partie. J'ai alors compris qu'obtenir cette reconnaissance était important non seulement pour moi, mais aussi pour toutes les autres femmes avec lesquelles j'avais travaillé.
Un autre moment fort a été de réunir l'équipe après la pandémie de Covid et de nous plonger dans une nouvelle mission ! Nous avons travaillé dur pour offrir à chacun un site sûr et propre. Nous avons fait face à une multitude de nouveaux protocoles et de nouvelles méthodes de travail. L'une des premières missions concernait un film indépendant qui a reçu l'autorisation de tourner dans le Maine, en utilisant des objectifs de la Série T, un rêve pour un directeur de la photographie.
Terra Bliss
Michele Channer (directrice du développement économique, Panalux ; directrice générale, Direct Digital et Island Studios) : L'un des faits saillants de ma carrière a été de gérer avec succès la transition lors de la fusion de deux entreprises. Au cours des premiers jours et mois du processus de rassemblement de deux entités, la culture d'entreprise joue un rôle essentiel et peut être difficile à dépasser. J'ai toujours pensé qu'une communication solide et aussi transparente que possible était primordiale.
J'ai également occupé le poste de directrice des ventes et du marketing à l'international pour un grand fabricant d'appareils photo, voyageant beaucoup et nouant des relations solides avec des distributeurs et des partenaires dans le monde entier. Voyager seule en tant que femme peut présenter des défis particuliers. Il est important de respecter les différentes cultures et de surmonter les divergences au sein du commerce international.
Ces expériences sont spéciales à mes yeux pour la même raison : les liens créés. L'établissement de relations solides avec le personnel, les partenaires et les clients est ce qui rend l'activité unique. Partager les hauts et les bas permet de tisser des liens.
Sandy Ferguson (directrice des ressources humaines, Panavision) : Au fil des ans, j'ai dirigé la fonction RH dans le cadre d'acquisitions et de cessions d'entreprises, où il était essentiel d'attirer et de retenir les talents et de minimiser les perturbations qui peuvent semer des doutes auprès des employés. La gestion de ces aspects des ressources humaines implique de nombreux apprentissages pratiques, mais cette activité est très gratifiante lorsque vous avez le sentiment d'avoir contribué à améliorer une situation difficile pour les personnes qui la vivent.
Kira Kelly, ASC (cheffe opératrice) : Le documentaire 13th sur lequel j'ai travaillé avec Ava DuVernay restera toujours un moment fort pour moi non seulement en raison des moyens uniques que nous avons trouvés pour réaliser les interviews, mais aussi en raison du sujet lui-même. Ce film est puissant.
Un autre temps fort a été lorsque j'ai travaillé sur Y, le dernier homme. J'étais une grande fan de la bande dessinée lorsqu'elle est sortie il y a 20 ans, dont j'ai d'ailleurs encore tous les numéros. Alors, quand l'opportunité de travailler sur la série télévisée s'est présentée, j'ai sauté sur l'occasion. J'ai travaillé avec Panavision Toronto pour créer l'esthétique de ce futur apocalyptique et délirant. J'ai adoré pouvoir intégrer à la série certaines des magnifiques images graphiques de la bande dessinée.
Et le plus récent a été sur Echo. J'ai adoré travailler avec notre réalisateur, Sydney Freeland, pour mettre au point les nombreuses séquences d'action. Il y a eu tant d'éléments merveilleux et uniques au cours de cette série, comme le privilège de filmer notre interprétation visuelle de l'histoire d'origine des Chactas ou de modifier la nature d'un gros plan pour des scènes qui s'adaptaient parfaitement au langage des signes. Dan Sasaki a conçu pour nous un ensemble d'objectifs qui étaient vraiment magnifiques pour filmer notre histoire unique. Je suis sincèrement ravie d'avoir participé à Echo, surtout parce que ma fille elle-même était tellement contente dès le début de la préparation en 2022.
Kira Kelly, ASC (photo par Amanda Matlovich, reproduite avec l'aimable autorisation de Netflix)
Mandy Walker, AM, ASC, ACS (cheffe opératrice) : Je pense que l'un des points culminants de ma carrière a été le film Elvis, l'aboutissement de 20 années de collaboration avec Baz Luhrmann et la reconnaissance et les récompenses extraordinaires que j'ai reçues pour mon travail sur ce film.
Patti Lee, ASC (cheffe opératrice) : Travailler en tant que cheffe opératrice sur The Bernie Mac Show m'a donné l'impression que ma carrière commençait véritablement. Ma première nomination aux Emmy Awards pour Superior Donuts m'a conforté dans mon métier, ce dont je suis fière. Et le fait d'être invitée à l'ASC a été un véritable rêve qui s'est réalisé : faire partie d'une communauté de pairs admirés et comprendre que l'on y méritait sa place.
Mara Morner-Ritt (directrice juridique et responsable de la conformité, Panavision) : Lors de mon stage dans le cabinet pour lequel j'ai fini par travailler dès la fin de mes études de droit, j'ai été sélectionnée pour présenter un projet de recherche que j'avais réalisé avec un groupe d'associés à l'un de leurs plus gros clients du secteur bancaire. C'était un honneur d'être sélectionnée, car j'étais très jeune. C'était également spécial pour moi parce que Warren Christopher, ancien secrétaire d'État américain et associé directeur du cabinet d'avocats, était le modérateur du panel, et grâce à cette expérience j'ai énormément gagné en confiance.
Plus tard dans ma carrière, j'ai présidé le comité exécutif de la section du droit des affaires et des sociétés de l'association du barreau du comté de Los Angeles. Le comité était chargé de concevoir et d'organiser des formations de développement professionnel pour les avocats exerçant à Los Angeles, et accueillait chaque année un grand séminaire réunissant de nombreux praticiens estimés du barreau spécialisé dans le droit des valeurs mobilières. J'ai trouvé ce moment unique parce que j'ai pu rendre service au barreau local et aussi parce que j'ai beaucoup appris des autres membres du comité.
Je suis également fière des nombreuses transactions que j'ai contribué à conclure. Il est difficile d'en choisir une, car de nombreuses transactions sur lesquelles j'ai travaillé ont eu un impact positif sur les entreprises et les employés concernés. C'est agréable de participer à la résolution de problèmes et de défis en faveur des individus.
Laura Borowsky (vice-présidente, développement commercial, Light Iron) : Il a été incroyablement gratifiant de suivre le parcours de tant d'artistes talentueux, avec lesquels j'ai souvent noué des relations alors qu'ils commençaient à peine leur carrière en tant qu'étudiants cinéastes. Nous avons tous beaucoup de chance de travailler dans un secteur aussi dynamique.
Laura Merians Gonçalves (cheffe opératrice) : Travailler sur un film dans une favela de Rio et entendre des tas de petites filles me raconter comment le fait de voir une femme derrière l'objectif les incite à devenir cinéastes. Je vis à nouveau cette expérience en ce moment même en travaillant en Irak. C'est un cadeau que d'être en mesure d'inspirer les autres en accomplissant son travail, et c'est aussi ce qui me plaît. J'en suis très fier.
Chris Wairegi (cheffe opératrice et caméraman ; fondatrice de 600 Black Women) : J'ai eu récemment l'honneur d'être nommée « ASC Vision Scholar ». L'American Society of Cinematographers est une institution que je ne pourrais tenir en plus haute estime, et le fait d'être reconnue et accompagnée par elle a été un rêve devenu réalité. De même, recevoir le prix Kodak Vanguard Award pour la création de 600 Black Women a été une joie immense. Ces moments font partie des points positifs que je peux souligner, mais il existe un pêle-mêle infini d'opportunités uniques, de belles paroles et de temps passé avec des personnes incroyables qui m'apportent tant de bonheur.
C'est un grand honneur que de pouvoir raconter une histoire et de travailler avec des esprits incroyables. Nous avons la chance d'exercer l'un des métiers les plus extraordinaires au monde, qui consiste à partager quelque chose avec chacun. Relater une histoire qui peut avoir un impact sur les personnes, apporter un changement ou créer un sentiment d'identité est ce qui me tient le plus à cœur. Et le fait que nous puissions créer ces histoires avec d'autres rend notre art encore plus unique.
Chris Wairegi (photo par Vanessa Clifton)