Les femmes qui ont marqué l'histoire, épisode 5
Dans ce dernier volet de la série d'entretiens de Panavision avec les femmes qui font l'histoire, Kim Snyder, PDG et directrice, de Panavision, met en avant les sources d'inspiration des participantes.
Alors que le Mois de l'histoire des femmes s'achève, nous remercions sincèrement les nombreuses femmes ayant participé à cette série d'entretiens d'avoir partagé leur histoire et avoir été d'incroyables modèles pour les plus jeunes membres de l'industrie, qui commencent à devenir de futurs leaders.
Retrouvez le reste de la série ici :
Partie 1 : L'impact du Mois de l'Histoire des femmes
Partie 2 : De précieux conseils en matière de carrière
Partie 3 : Le mentorat
Partie 4 : Les points forts de leurs carrières
Kim Snyder (Président et PDG, Panavision) : Qu'est-ce qui éveillé votre intérêt vis-à-vis de votre carrière et qu'est-ce qui vous inspire aujourd'hui ?
Patti Lee, ASC (cheffe opératrice) : Quand j'étais enfant, je n'avais jamais imaginé que je deviendrais cheffe opératrice. Dans ma famille, les carrières stables et bien définies étaient valorisées. Je suis partie étudier à l'UCLA et j'hésitais entre une carrière entre les sciences et l'art. Devenir cheffe opératrice m'a donné l'opportunité d'avoir les deux.
J'adore les puzzles — casse-tête, mots croisés, logique, etc. En tant que CP, je résous des puzzles au quotidien, mais ces puzzles sont beaucoup plus complexes, avec de multiples possibilités. Quelle est la meilleure façon de tourner cette scène ? Comment rendre cette scène plus intimiste ? Comment arriver à ce que je veux en 15 minutes ? Chaque jour réserve de nouveaux puzzles et de nouvelles solutions.
Patti Lee, ASC (photo par Bill Inoshita)
Terra Bliss (directrice générale, Panavision RU et Irlande) : D'aussi longtemps que je me souvienne, j'ai été inspirée par la photographie. Avec une image créée pour une exposition d'art ou d'une couverture de magazine, j'ai apprécié la possibilité de créer une sensation ou de raconter une histoire à partir d'une image. Mon premier véritable travail après l'université s'est déroulé dans un studio ; c'est alors que j'ai eu un déclic pour le secteur du cinéma. Je ne savais pas qu'autant de personnes prenaient part à la réalisation d'un film ! J'ai finalement compris pourquoi il y avait autant de noms dans le générique de fin. Après avoir travaillé en studio, je me suis intéressée à la post-production et la location de caméra, en aidant les réalisateurs en coulisse — un mélange de technologie, de travail d'équipe et de résolution des problèmes. En travaillant avec l'équipe de Panavision, je vois la passion, le génie et la méticulosité qui sont apportés dans les coulisses pour aider les cinéastes dans leur travail. Cela m'inspire au quotidien.
Autumn Durald Arkapaw, ASC (cheffe opératrice) : Je regardais tout le temps des films avec mes meilleurs amis à l'université. J'ai sans doute regardé Heat et Trainspotting deux fois par semaine. Ces films nous ont donné l'impression d'être vivants, confiants, humains, et ils étaient tellement viscéraux. Ma mère me laissait également regarder les films de Woody Allen avec elle dès ma plus tendre enfance. Je me souviens d'avoir été très confuse et intrigués par ces films ensuite. Ces films m'ont fait éprouver des émotions que je ne saisissais pas entièrement à ce moment-là. Je me souviens clairement de périodes de mon existence et de films qui étaient directement liés à cela. Tel est le pouvoir du film. Cela façonne des souvenirs qui vous rattache à une phase émotionnelle spécifique de votre existence.
J'étais tellement fascinée par le processus d'élaboration des films que je devais découvrir qui rendait ces images possibles et provoquait ces émotions. Après avoir fini l'université, j'ai fait des recherches sur le travail d'une cheffe opératrice.
Aujourd'hui, je suis toujours inspirée par les grands films et les cinéastes de renom. J'ai récemment vu Anatomy of a Fall, et il m'a ému — c'est l'un des films les plus énergisants que j'ai vus de toute l'année. Bien que je travaille aujourd'hui dans le cinéma et que je sache ce qui se déroule en coulisses, je suis toujours émue en visionnant un film extraordinaire. Ce film a toujours le pouvoir de vous transporter et de modifier votre façon de voir le monde.
Lesley Kantor (directrice du marketing, Panavision): J'ai toujours été fasciné par la façon dont les choses « fonctionnent ». Enfant, je regardais des films et des émissions de télévision et je me demandais comment les idées du scénario se matérialisaient sur l'écran. Qui se charge de cela ? Qui arrive à créer une scène ? Ma curiosité est devenue passion, la passion de faire carrière dans l'industrie du spectacle afin de contribuer à la magie. Au fur et à mesure que j'en apprenais davantage sur les différents types de domaines professionnels qui composent cette industrie, j'ai commencé à m'intéresser à l'expérience du spectateur et au pouvoir de la relation entre la marque et le consommateur. C'est ce qui m'a conduit à mon rôle actuel de professionnel du marketing de marque.
Alice Brooks ASC (cheffe opératrice) : J'ai toujours été attirée par la lumière. Quand j'étais enfant, j'ai pointé du doigt un lampadaire rond et j'ai prononcé mon premier mot, « lune ». J'ai passé mon enfance sur les plateaux de tournage à jouer dans des publicités télévisées. J'étais fascinée quand que les plateaux sombres se transformaient en lieux magiques lorsque chaque projecteur s'allumait. Au lycée, je passais ma pause de midi dans la chambre noire à chercher comment capturer la lumière sur un morceau de celluloïd et la transposer ensuite sur un morceau de papier sensible à la lumière. La lumière est tout pour moi, et il ne se passe pas un jour sans que je ressente cette même jubilation enfantine quand je vois un rayon de lumière transformer l'ordinaire en quelque chose de magnifique.
Alice Brooks, ASC (photo : Macall B. Polay, SMPSP)
Laura Borowsky (vice-présidente, développement de l'activité, Light Iron) : La réalisation a toujours été ma passion. Collaborer avec des créateurs qui inspirent et façonnent le récit avec tant d'expressivité et d'enthousiasme fait de chaque film que je recherche, et sur lequel je travaille, un projet passionnant. Je ne peux qu'espérer que mon enthousiasme pour ce média gagne mes clients, qui me font entièrement confiance.
La réalisation est une forme d'art très personnelle, et j'ai une vision du processus qui est extrêmement satisfaisante. On ne s'en lasse jamais. Chaque projet est inédit et exaltant.
Kira Kelly, ASC (cheffe opératrice): C'est la photographie et la passion du cinéma qui ont réveillé mon intérêt pour la réalisation. Pourtant, ce n'est que quand j'ai travaillé dans le département de l'éclairage en tant qu'étudiante en cinéma que j'ai découvert cette passion pour la cinématographie qui est la mienne Je me souviens d'avoir été vraiment enthousiasmée par ce dispositif d'éclairage relativement modeste — je pense qu'il s'agissait d'une prise de vue moyenne. J'adore combien les projecteurs, les trépieds, les drapeaux et les écrans adoptent cet ordre si parfait et ont l'air si paisibles. Lorsque le chef opérateur m'a laissé regarder à travers l'oculaire, on ne pouvait voir aucune de ces choses à l'extérieur du cadre ; on ne voyait que leurs effets. C'était magique.
Cette magie m'inspire toujours aujourd'hui. Chaque jour sur le plateau, j'ai l'impression d'apprendre un nouveau tour, une façon inédite de susciter chez le public une nouvelle réponse émotionnelle sans qu'il ne se rende compte ou pense aux outils qui facililtent cela.
Chris Wairegi(cheffe opératrice et caméraman, fondatrice, Prix Black Women 600): J'ai toujours adoré le cinéma. Quelques-uns de mes premiers souvenirs sont ceux d'une salle de cinéma obscure où je regardais des histoires sur grand écran. Enfant, je suis tombée amoureuse du cinéma. Je ne pouvais jamais m'en passer et je voulais prendre part à cela.
L'art de la réalisation s'étudie toute la vie. Je tire toujours mon inspiration de ce qui est inédit et ancien, des techniques innovantes et des vieux films classiques. Pour moi, la sensation la plus inspirante est le sentiment d'émerveillement suscité par une histoire parfaitement racontée ou par un tour de passe-passe visuel parfaitement exécuté.
Je m'efforce de reproduire chez mes spectateurs le sentiment qui m'a poussée à devenir réalisatrice. Le but est toujours de parvenir à une suspension totale de l'incrédulité du spectateur. Le travail pour apprendre à atteindre mes objectifs me permet d'apprendre, d'étudier, d'expérimenter et de créer.
Mandy Walker, AM, ASC, ACS (cheffe opératrice): Mon intérêt pour le métier de cheffe opératrice remonte à mon adolescence, quand j'ai réalisé que j'adorais la narration des fils et que j'aimais l'art et la photographie. Cela semblait être la carrière parfaite pour moi.
Mandy Walker, AM, ASC, ACS (photo de Kimberly French, SMPSP)
Laura Merians Gonçalves (cheffe opératrice): Mon père était photographe, mais pas à temps plein ; il m'a toujours encouragée à faire attention aux détails dans les espaces et la lumière. Ma maman était mannequin et elle a été ma première et mon éternelle muse. Alors que j'étais à l'université, j'ai d'abord travaillé comme électricienne. J'ai vu le CO et j'ai alors pensé c'était le métier le plus cool du monde et j'ai immédiatement décidé que c'était ce que je voulais faire.
Ce qui m'inspire en permance, c'est de collaborer avec d'autres artistes et penseurs — les endroits où nous allons, les idées que nous touchons et les mondes que nous imaginons ensemble. Cela me permet de rester en lien avec mon côté enfantin et fantaisiste.
Johanna Gravelle (directrice générale, Panavision Canada) : La nécessité m'a poussée à postuler chez Kodak. Après avoir passé un diplôme en photographie fixe, j'ai vite réalisé qu'une carrière de photographe indépendante ne me permettrait pas d'obtenir un salaire stable et, comme fille de banquier, j'ai dû renoncer à ce projet. J'ai passé 27 ans chez Kodak, et j'ai eu la chance de travailller avec des gens super, des personnes qui m'ont soutenue tout au long de ma carrière.
Mon intégration chez Panavision en 2017 a été très palpitante, mais c'était aussi un changement majeur pour moi après avoir passé tant d'années dans une seule entreprise. J'ai vite réalisé en commençant à travailler chez Panavision que j'avais encore une fois beaucoup de chance d'être entourée de personnes extraordinaires qui me stimulent et m'inspirent chaque jour.
Mara Morner-Ritt (directrice juridique et responsable de la conformité, Panavision): Je ne connaissais alors aucun avocat et rien sur ce sujet quand j'ai choisi au lycée que je voulais me lancer dans cette carrière. Au départ, j'ai été attirée par le défi intellectuel et par la possibilité d'affiner et de mettre en pratique les compétences analytiques. Au fur et à mesure que je suivais le cursus à l'université et à l'école de droit, j'ai été inspirée par ce que je considérais comme les meilleurs de la profession — des avocats éthiques, dévoués et attentionnés qui prenaient au sérieux leur responsabilité professionnelle d'agir dans le meilleur intérêt de leurs clients.
Je suis inspirée par les nouveaux défis que je relève chaque jour. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu'un nouveau problème ou une question inédite ne se présente, ou sans qu'un ancien problème ne doive être abordé ou envisagé sous un angle nouveau. Je suis inspiré par les personnes qui m'entourent et qui s'efforcent de donner le meilleur d'elles-mêmes.
Victoria Emslie (actrice, fondatrice et PDG, Primetime Network) : Aussi loin que je me souvienne, mis à part mon goût quand il s'agissait de creuser et mon envie de devenir archéologue, j'ai toujours sur que je voulais devenir actrice. Je ne sais pas comment, mais le fait de la pas savoir était un aiguillon supplémentaire afin de trouver les indices d'un puzzle que personne autour de moi ne voulait affronter. Me perdre dans des histoires fascinantes avec des personnages torturés évoluant dans des toiles de fond esthétiquement généreuses m'a toujours entraînée comme un somnambule dans leur réalité, où j'allais passer du temps et essayer de percer les mystères de la condition humaine. Cela m'a donné un lieu sûr pour explorer les innombrables émotions que nous ressentons et cela m'a aidé à donner du sens au monde et à ses interactions.
Je sais que cette sensation est une part de magnétisme et de magie qui me ravit encore aujourd'hui. Comment trouver de l'humanité en toute circonstance donnée. Cette carrière m'a permis de me connaître et m'a poussée dans des lieux auxquels je n'aurais pas eu accès sans jouer avec ce feu. C'est un bon défouloir pour le ressac intérieurs, et maintenant que je peux avoir une influence, façonner et aider les autres et le secteur dans son ensemble, je m'entoure de ceux qui sont intègres. Bien que le changement ait été radical, nous avons tous travaillé à sa réalisation.
Victoria Emslie (photo par Matt Hass)
Polly Morgan, ASC, BSC (cheffe opératrice): J'ai grandi avec une imagination débordante et une forte fascination pour le cinéma. Enfant, j'adorais raconter mes propres histoires et créer des images à l'aide de l'art et de la photographie. Quand j'ai été exposée à un plateau de cinéma en tant qu'adolescente, j'ai finalement réalisé que mon avenir résidait dans l'art de la réalisation de film et la cinématographie.
Je suis inspirée par la vie quotidienne et je pense que c'est l'un des avantages uniques de la vie de cheffe opératrice. Vous apprenez à observer sans cesse le monde qui vous entoure, les couleurs, le mouvement et la lumière qui change constamment. J'ai toujours eu la sensation qu'à travers l'art de la cinématographie, j'ai appris à voir le monde d'une façon unique que la plupart des gens considèrent comme allant de soi.
Quyen Tran, ASC (cheffe opératrice): Quand je vivais à New York et que je travaillais comme photojournaliste, mon petit ami — qui est aujourd'hui mon mari — produisait des films pour les thèse des diplômés de l'université de New York. Il m'a incitée à filmer des plans fixes, puis j'ai commencé à travailler comme CO et je suis tombée sous le charme du département des caméras. J'ai compris que même si j'aimais une narration resserée d'une seule image, j'étais intrigué par l'idée de pouvoir collaborer avec plusieurs cinéastes pour créer une vision singulière, et cela m'a subjuguée.
Tellement de choses m'inspirent qu'il est difficile de signaler une seule source. J'adore visiter les musées d'art, voyager à travers le monde, regarder des films bien sûr, passer du temps avec les personnes et écouter leurs histoires. Cela peut être une histoire des actualités, une photographie, la façon dont la lumière éclaire une fleur ou rebondit sur un bâtiment, un livre, un podcast — il y a tellement d'histoires et pas assez de temps pour toutes les relater !
Michele Channer (directrice du développement commercial, Panalux ; directrice générale, Direct Digital et Island Studios) : J'ai commencé ma carrière dans la finance, en me formant pour devenir comptable. J'ai eu l'opportunité de changer de fonction pendant 6 mois, en dirigeant un département commercial B2B, et j'ai adoré le défi et l'effervescence des ventes — je ne suis pas retournée dans la finance ! Depuis cette reconversion, j'ai occupé diverses fonctions au cours de ma carrière, notamment celles de directrice des ventes, de directrice marketing, de directrice générale et de directrice des ventes et du marketing à l'international, toutes dans les secteurs de la photographie.
Je suis curieuse par nature, et j'adore travailler avec des gens créatifs, que ce soit mon staff ou des clients. Les développements technologiques au sein de notre industrie vous tiennent aussi en haleine en tant que cheffe d'entreprise ; trouver l'équilibre entre la réactivité et la proactivité est un véritable défi.
Maintenant, dans mon travail, l'inspiration est assurée par les employés chargés du développement, en les encourageant et en leur donnant la confiance pour grandir. Je suis aussi inspirée par la diversité de notre secteur, par les compétences et les talents qui provenant de tous les domaines. Récemment, lors d'une rencontre en janvier 2024 avec des diplômés de la National Film and Television School, j'ai été impressionnée par leurs compétences techniques et par leur créativité, par la communauté étroite qu'ils ont formée pour se soutenir mutuellement.
Michele Channer
Sandy Ferguson (directrice des ressources humaines, Panavision) : J'ai d'abord été attirée par les RH parce que je voulais aider les entreprises à gérer efficacement leur personnel, afin d'être une ressource focalisée sur les personnes. J'essaie encore aujourd'hui de proposer cette perspective avec la compréhension de l'équilibre entre les besoins de l'entreprise qui vient avec l'expérience.
Ce qui m'inspire le plus, c'est de pouvoir aider quelqu'un à surmonter une situation difficile. Quand quelqu'un me dit : « Vous m'avez donné de quoi réfléchir », j'ai le sentiment de l'avoir aidé à voir quelque chose d'une manière différente.
Amy Vincent, ASC (cheffe opératrice) : Mon inspiration initiale et l'étincelle ont été insufflées par mon travail dans le théâtre technique pendant mes études à l'UC Santa Cruz. J'ai accroché et orienté les projecteurs, dirigé le variateur pendant les spectacles — de Shakespeare à la danse moderne. Je suis tombé amoureuse de l'éclairage et du travail d'équipe dans l'art de la collaboration au théâtre J'étudiais en parallèle l'histoire du cinéma muet, et c'est le Sunrise de F.W. Murnau, tourné par Charles Rosher [ASC] et Karl Struss [ASC], qui a vraiment réveillé chez moi un intérêt pour la cinématographie. Puis il y a eu The Cabinet of Dr. Caligari ...
Ce qui m'inspire toujours, c'est le temps passé dans la nature, les cycles de la lumière naturelle — en particulier au début et à la fin de la journée, lorsque je suis au bord de l'océan avec mes chiens. Et je suis extrêmement inspirée par la musique, en particulier par celle de Nick Cave et de Patti Smith. Par l travail de si nombreux d'artistes différents aussi — la photographie de Chris McCaw et Christopher Colville, ainsi que le travail de l'artiste verrier Kazuki Takizawa.
Je puise mon inspiration dans le partage de mes connaissances et de mes expériences avec la génération montante de jeunes cinéastes qui poursuivent un même rêve ! Je ne pense pas que l'on puisse apprendre à quelqu'un à être créatif, pourtant, on peut certainement lui donner l'occasion d'explorer l'expression personnelle et la forme d'art collaboratif qu'est la narration cinématographique.
Amy Vincent, ASC